La date avait été gardée secrète le plus tard possible mais la menace de la fédération a été mise à exécution : les 63 associations de SOS Médecins ont entamé ce lundi matin (depuis 8 heures jusqu'à mardi 8 heures) une journée nationale d'« arrêt total de leur activité » (visites à domicile, consultations, centre de régulation, téléconsultations). « 100 % des médecins » sont en grève aujourd'hui, a assuré le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS, en début d'après-midi.
Des actions complémentaires des structures locales ont été annoncées dont l’arrêt des visites en journée à Nantes, Orléans, Cherbourg, Toulon, Fréjus ou Chambéry où une opération de tractage et un défilé de voitures SOS s'est déroulée ce lundi. Les médecins sont aussi allés à la rencontre des habitants pour leur faire part de leurs revendications à Lyon, Aix-en-Provence ou Chambéry.
Ce mouvement de colère entend alerter les Français sur la « disparition programmée de la visite à domicile », dont les moyens sont jugés depuis 15 ans « insuffisants au regard des besoins des Français et du vieillissement de la population ». Une tarification de la visite « pas assez attractive par rapport aux autres consultations », martèle le Dr Masseron.
L'avenant 9, casus belli
C'est la signature fin juillet de l'avenant n°9 par les partenaires conventionnels qui a mis le feu aux poudres. Pour rappel, cet avenant a de fait exclu les praticiens de SOS de l'extension de la visite longue à 70 euros (pour les plus de 80 ans en ALD) en réservant cette mesure aux médecins traitants qui se déplacent chez leurs propres patients.
Cet épisode, qui « s’ajoute à un ostracisme répété », a provoqué le courroux des 1 300 généralistes de SOS qui sont « depuis 55 ans les principaux acteurs de la visite en France 365j/365 et 24h/24 », proteste la fédération.
Pour SOS, la conséquence de cette dévalorisation de la visite est le « désengagement croissant des généralistes de cette pratique », qui contribue à l’engorgement des urgences hospitalières. L'association ajoute que ce gel des tarifs « complique le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie », « augmente le coût de la prise en charge (hospitalisation et transports) » et « rend plus difficile le recrutement de médecins ».
57,60 pour les visites en journée
SOS a avancé plusieurs revendications pour « redonner à la visite sa juste place dans le parcours de soins des patients ». Première requête : porter la valeur de toutes les visites urgentes en journée à « 57,60 euros », à l'instar de ce qui avait été mis en place à une période de la crise sanitaire (visite urgente en Ehpad).
Deuxièmement, SOS réclame l'« alignement de l’indemnité de déplacement à 10 euros, quel que soit l’horaire ». Une indemnité « plus digne », afin d'équilibrer l'acte médical de visite, « plus pénible et plus long », selon le président de SOS. Troisièmement, la fédération réclame l’intégration des médecins SOS à toutes les revalorisations de la profession, dont les mesures récentes issues de l'avenant 9. « On attend du ministre un geste fort », a déclaré le Dr Masseron. « Nous ne sommes pas des habitués des grèves, se défend SOS, mais face à une situation aussi grave nous nous devons d’alerter nos concitoyens : la visite à domicile est en danger. »
Réquisitions
Ce lundi, en début d'après-midi, « des réquisitions ont commencé à tomber à La Rochelle, Toulouse et plus largement en Nouvelle Aquitaine », a précisé le Dr Serge Smadja, secrétaire général de l'association. Celles-ci seront probablement nombreuses à 20 heures, estime le président de SOS, ajoutant que les consignes étaient claires sur ce point. « On sera au rendez-vous si on réquisitionne, nous n'abandonnerons par les patients. »
L'arrêt total d'activité pourrait se poursuivre dans les jours (voire les semaines) qui viennent, en particulier dans certains associations qui désirent aller au delà des consignes nationales. « Chaque structure a la liberté de poursuivre le mouvement durant une période illimitée », met en garde le Dr Masseron.
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