Les syndicats de médecins libéraux continuent de dérouler leur profession de foi dans le cadre de la campagne aux URPS. Après la CSMF, la Fédération des médecins de France (FMF) a détaillé ce mercredi son programme à trois semaines de ce scrutin déterminant pour mesurer l'audience des syndicats.
Élue en juin dernier, en remplacement du Dr Jean-Paul Hamon devenu président d'honneur, le Dr Corinne Le Sauder – première femme à diriger une organisation représentative des médecins libéraux installés – s'est montrée offensive sur le terrain des honoraires. La généraliste ostéopathe d'Olivet (Loiret) appelle de ses vœux un acte de base revalorisé au niveau de la moyenne européenne « pour permetre aux médecins de s'organiser et payer du personnel ». Combien ? Alors que les autres organisations revendiquent un tarif de base de 30 à 50 euros selon les professions de foi, la FMF revendique « un revenu moyen horaire brut de 200 euros ».
Trois niveaux
La simplification de la nomenclature des actes dont « certains n'ont pas bougé depuis vingt ans » est un deuxième pan du programme. La centrale polycatégorielle suggère d'abord de revoir la grille clinique autour de trois niveaux de consultations « en fonction de la complexité du travail et du temps passé ». Les consultations non complexes avec un seul motif seraient regroupées au niveau 1 avec un « tarif supérieur à 25 euros ». Le niveau 2 valoriserait les consultations à motifs « multiples » et le niveau 3 les demandes spécifiques complexes et très complexes (nouveau patient sans médecin traitant, handicap, consultation d'annonce, grossesse, prévention...).
La FMF insiste aussi sur le droit à coter et cumuler des actes cliniques et techniques à taux plein. « Chaque acte demande du temps, de l'investissement et de la responsabilité. Il faut que tout soit rémunéré à sa juste valeur », dit-elle. Côté spécialistes, la réévaluation de la classification commune des actes médicaux (CCAM) est un objectif prioritaire. « On nous l'a promis depuis deux ans pour valoriser le coût de la pratique mais toujours rien. »
Espace de liberté tarifaire
La défense de l'exercice libéral passe aussi, aux yeux de la FMF, par la mise en place d'« un espace de liberté tarifaire pour tous », encadré et contrôlé. Cette possibilité ouvrirait la porte « à un secteur unique », à honoraires modulables, reconnait la généraliste, une revendication portée de longue date. « La désertification médicale est liée en partie à l'absence de liberté tarifaire », abonde le Dr Bernard Huynh, président de la branche spé de la FMF.
Plutôt hostile aux rémunérations forfaitaires, le syndicat réclame la suppression totale de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), un système jugé pervers et qui induit une logique de rentabilité. « On veut que l'argent prévu pour la ROSP soit mis sur le tarif de l'acte de base pour tous les médecins ! », suggère le Dr Le Sauder. Le syndicat revendique en revanche la création d'un « vrai forfait structure, digne de ce nom, pour tous les médecins », garantissant la modernisation du cabinet, y compris pour les praticiens qui ne sont pas en exercice regroupé.
Protection sociale, chantier majeur
La FMF aspire aussi à des améliorations en matière de protection sociale des libéraux. Maternité, maladie, retraite : autant de sujets qu'elle souhaite aborder lors des négociations conventionnelles. « On demande de réviser le forfait maternité, qui n'est pas proportionnel aux charges et aux gains. Les médecins doivent emprunter pour avoir un enfant… C'est inadmissible alors que plus de 60 % des médecins de moins de 40 ans sont des femmes », avance la généraliste.
Autre requête : l'alignement du délai de carence sur le droit commun en cas de maladie. Et sur la retraite, la FMF revendique la hausse du point de service et la sanctuatisation des avantages de l'ASV, au cœur du pacte conventionnel. La création d'un statut pour les médecins en cumul emploi/retraite est aussi demandée.
L'enjeu environnemental est jugé « majeur » pour la FMF, pour qui cette problématique verte doit être désormais intégrée dans la formation initiale, continue et la recherche en ambulatoire.
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