Enjeu majeur pour le dynamisme et l'attractivité des petites villes – ces communes de 3 500 à 25 000 habitants – la démographie médicale a été largement discutée lors des XXIIèmes assises de l'APVF, organisées au Pont-du-Gard (Gard). Un sujet d'autant plus sensible à six mois des municipales alors que la santé s'est invitée comme thème central du grand débat national, dans la foulée de la crise des gilets jaunes.
« Il faut une régulation (des installations) sans pour autant tomber dans une soviétisation », a lancé Christophe Bouillon, président de l’APVF et député socialiste de Seine-Maritime, pour cadrer les débats. Fidèle à la ligne incitative du gouvernement, le Premier ministre Édouard Philippe, présent aux assises des petites villes de France, a répliqué qu’un « système totalement régulé (...) pose des questions d’équilibre ». Pour renforcer l'accès aux soins, le chef du gouvernement a mis en avant d'autres remèdes comme la suppression du numerus clausus et le soutien à la création de maisons de santé.
Mais pour mieux répartir les effectifs médicaux, les avocats de la méthode forte ne désarment pas. Martin Malvy, ex-ministre du Budget et ancien président de la région Midi-Pyrénées, estime que les pouvoirs publics ont trop tergiversé et qu’il « faut instaurer des contraintes » à l’installation en médecine de ville. « Tant qu’il n’y aura pas d’obligation d’installation, on ne réglera pas le problème », juge le président d'honneur de l'APVF. Une supplique applaudie par la centaine d’élus présents dans la salle…
Généraliser ce qui marche
Mais parmi les édiles, beaucoup défendent aussi une position pragmatique. Le maire de Guingamp, Philippe Le Goff, dont la ville souffre pourtant de désertification médicale, dit comprendre les généralistes et leur propose un accompagnement. « Certains sont au bord du gouffre parce qu’ils sont confrontés à une forme d’agressivité. Or, quand un territoire est connoté, il a du mal à faire venir d'autres professionnels », reconnait-il. Pour tenter de recruter et de fidéliser les médecins, le maire propose de prendre en charge l’immobilier s’ils s'inscrivent dans la maîtrise de stage. « En parallèle, nous proposons un modèle salarié avec un travail en lien avec l’hôpital pour ceux qui le souhaitent », complète-t-il.
Lors des assises, une table-ronde a mis en exergue des initiatives locales ayant fait leurs preuves. André Accary, président du département de Saône-et-Loire, a vanté une fois de plus son dispositif pionnier de centre de santé départemental ayant déjà permis l’embauche directe de 50 généralistes salariés. « Il s’agissait de remettre l'accès au médecin sur chaque secteur ! Nous intervenons en complément de la médecine libérale existante et non en concurrence. Nous refaisons un maillage territorial et nous allons réinstaurer la visite à domicile dans certaines zones ».
Côté études médicales, la question des stages en libéral et des lieux de formation initiale n'a pas été éludée. Vincent Chauvet, maire d’Autun (Saône-et-Loire), salue à cet égard la décision de la faculté de médecine de Dijon qui permettra dès l'an prochain de suivre des études de santé de façon « délocalisée » à Nevers (Nièvre). « Une initiative qui peut donner envie aux futurs médecins de s’installer en milieu rural », plaide-t-il.
Autant de bonnes idées exprimées sans possibilité de réaction du corps médical, malheureusement absent de ces discussions.
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