Sous pression depuis plusieurs jours, la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) a entendu les appels de la profession en faveur d'une aide financière directe exceptionnelle pour perte d'activité.
En liaison avec le ministère de la Santé, ce plan de soutien s'est concrétisé lors du conseil d’administration du vendredi 15 mai par « une aide supplémentaire nette d’impôt et de charge avoisinant 2 000 € pour tous les médecins libéraux », annonce la CARMF ce dimanche. Cette somme viendra « en diminution du solde de cotisation 2020, sans réduction des droits à retraite ». Ce plan d'aide avait été envisagé dès le 24 avril par le bureau de la CARMF, dont Thierry Lardenois est le président (photo), mais il tardait à se concrétiser, nourrissant les inquiétudes des syndicats.
Un accompagnement global estimé à un milliard d'euros
Depuis le début de la crise sanitaire, la CARMF avait certes déjà mis en place plusieurs mesures de soutien aux praticiens libéraux mais elles avaient été jugées jusque-là trop timides. Cela concernait la prise en charge aussi bien des médecins malades du Covid-19 que ceux en situation fragile (grossesse, pathologies à risque), et ce, sans délai de carence. Près de 5 000 dossiers sont « en cours d’examen », confie la caisse.
Le report sur 2021 de trois mois de prélèvements de cotisations (avril/juin) a également été acté, tout comme la suspension du calcul des majorations de retard et des procédures d’exécution en cours. Autre mesure d'accompagnement : le fait de ne pas appeler les cotisations des médecins retraités effectuant volontairement des remplacements en cumul emploi retraite jusqu’à la fin de l’état d’urgence.
Mais avec cette aide supplémentaire de 2 000 euros par praticien, l'effort de la CARMF est évidemment beaucoup plus significatif et se rapproche de la subvention souvent évoquée au bénéfice des chirurgiens-dentistes (la caisse autonome de retraite des chirurgiens-dentistes avait annoncé dès le 9 avril le versement d'une aide de 4 500 euros, versée en trois fois d'avril à juin 2020, grâce au fonds d’action sociale, et un report de six mois des cotisations).
Quoi qu'il en soit, la CARMF se défend aujourd'hui d'en faire trop peu, bien au contraire. Selon ses calculs, l’ensemble des aides qu'elle va octroyer constituera un « effort financier sans précédent par son ampleur dans le monde libéral qui approche le milliard d’euros, soit pratiquement 8 000 € par médecin, en aides directes ou indirectes ».
MG France applaudit un geste équitable
Alors que les cabinets de médecine générale ont subi une baisse d’activité de l’ordre de 50 % depuis la mi-mars, MG France a salué ce dimanche l'initiative de la caisse. « Le mécanisme adopté s’appuie sur les ressources du Fonds d’action sociale et du régime invalidité décès sans toucher aux réserves, relève le syndicat de généralistes. Il prévoit la prise en charge d’une part fixe des cotisations retraite, qui viendra en déduction des échéances de la fin de cette année »
MG France juge la proposition « équitable », l’indemnisation forfaitaire représentant une aide proportionnellement plus importante pour les faibles revenus. Il juge toutefois que ce soutien ne sera pas suffisant pour les praticiens les plus en difficulté pour lesquels MG France demande que le Fonds d’action sociale de la CARMF leur prête une attention « toute particulière et au cas par cas ».
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