« Pour 2022, nous demandons une hausse de 1,1 % de la valeur du point de l'ASV ». Comme l'an dernier, la FMF, par la voix de sa présidente Corinne Le Sauder, monte au front pour réclamer à Olivier Véran et à Laurent Pietraszewski (secrétaire d'État chargé des retraites) d'acter dès 2022 ce coup de pouce pour les médecins libéraux.
Pilier du pacte conventionnel, représentant 34 % de la pension moyenne du médecin (soit 917 euros sur 2 688 euros par mois), le régime de l'ASV (allocation supplémentaire vieillesse appelée aussi prestations complémentaires de vieillesse – PCV) est financé aux deux tiers par l’Assurance-maladie pour les médecins en secteur I en contrepartie d'honoraires aux tarifs opposables.
En 2011, face à la quasi-faillite de ce régime, un plan de sauvetage contraignant avait été instauré, après des années de gel tarifaire. « La valeur du point avait déjà été bloquée entre 1999 et 2011, souligne le Dr Olivier Petit, chargé de la retraite à la FMF. Puis, à compter de 2011, la réforme a acté une baisse du point dès 2012 avec une hausse des cotisations et l'instauration d'une part proportionnelle ». Après ces efforts demandés et un retour à l'équilibre du régime, « le point a été légèrement réévalué en 2021 [+0,4%] et on voudrait qu'il le soit un peu plus en 2022 », ajoute-t-il.
10 euros par mois en moyenne
Faut-il augmenter l'ASV ? Les projections actuarielles transmises par la Caisse autonome de retraite des médecins libéraux (Carmf) fin août aux syndicats montrent que cette augmentation serait « tout à fait soutenable sur le plan financier sans le déséquilibrer », soutient aussi le Dr Yves Decalf, président du Syndicat national des médecins concernés par la retraite (SN-MCR), affilié à la CSMF. Cette hausse de 1,1 % de la valeur du point procurerait environ « 10 euros de plus par mois en moyenne », calcule le cardiologue retraité. Et cela n'impacterait pas les réserves du régime évaluées à 780 millions d'euros en 2021.
Interrogés par « Le Quotidien », Avenir Spé tout comme le SML sont prêts aussi à soutenir cette revalorisation. « Les médecins ont fait de gros efforts pendant de nombreuses années, justifie le Dr Patrick Gasser, président d'Avenir Spé. Pendant la période où il y a un peu d'inflation, il faut aller dans ce sens pour accompagner les médecins libéraux ». « Tout augmente – le prix de l'électricité, de l'essence, du gaz –renchérit le Dr Philippe Vermesch, président du SML. Il faut donc bien regarder comment améliorer la situation des médecins retraités. »
Prudence sur la soutenabilité du régime
Mais MG France ne partage pas cette position. Le patron du syndicat de généralistes n'est pas « rassuré » par les prévisions de la Carmf. « Notre priorité est de s'assurer de la consolidation de ce régime mis à mal par des pensions trop élevées servies pendant des années », recadre le Dr Jacques Battistoni. Le généraliste normand attend les projections réalisées par la Direction de la Sécurité sociale (DSS) pour être « certain » de la soutenabilité du régime avant de proposer « une augmentation prudente ». La hausse envisagée serait à ses yeux de l'ordre de 0,5 %.
L'UFML-Syndicat se montre également « prudent ». « Il faut avoir la garantie que le régime ne va pas redevenir déficitaire », met en garde le Dr Jérôme Marty, président du syndicat. Face à une inflation évaluée à 3 %, le généraliste de Fronton estime que « l'urgence est de faire une demande syndicale commune pour indexer les tarifs des actes médicaux sur l'inflation ».
L'année dernière, le gouvernement avait accordé une augmentation limitée de 0,4 %. Les ministres avaient attiré l'attention des syndicats sur « les conséquences budgétaires d'une telle revalorisation si elle s'appliquait chaque année, dans le contexte de fragilité financière du régime ». « Selon les projections de la Carmf, le résultat technique du régime sera en déficit de 2022 à 2032 et le niveau de ses réserves se dégradera jusqu'à atteindre seulement 0,2 année de prestations en 2032 », alertait le courrier.
Olivier Véran fera-t-il la même réponse ?
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