LA REFORME des retraites votée l’an passé entre en vigueur demain. Les mères de trois enfants n’auront plus la possibilité de prendre une retraite anticipée après quinze années passées dans la fonction publique. À l’hôpital public, les départs recensés sont importants. Le premier hôpital de France est particulièrement concerné : « Nous avons au 1er semestre 2011 le même nombre de départs que durant toute l’année 2010, expose Christian Poimbœuf, directeur des ressources humaines à l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). Il y a bien un phénomène d’accélération ». L’AP-HP enregistre 200 départs d’infirmières au 1er juillet, soit 1 % de son effectif infirmier total. À ces départs s’ajouteront les mutations de l’automne, ce qui préoccupe fort le DRH : « L’AP-HP est en situation de pénurie infirmière structurelle. Nous allons travailler à la rentrée sur la fidélisation du personnel. Il nous faut mobiliser tous les moyens pour réduire le turn-over : conditions de travail dans les services, politique de logement, accès aux crèches, etc. ».
La Direction générale de l’offre de soins (DGOS) est en train de faire un point national sur les départs dans les hôpitaux liés à la réforme des retraites. La situation semble assez hétérogène, avec des tensions manifestes dans l’ouest de la France. A contrario, certains CHU comme Montpellier ou Nîmes paraissent moins inquiets. Faut-il parler d’effet d’aubaine pour expliquer l’accélération des départs ? Beaucoup d’infirmières se sont interrogées ces derniers mois pour savoir quelle décision prendre. Celles qui étaient sans poste fixe n’ont pas trop hésité à saisir l’occasion. Sans pour autant remiser la blouse au vestiaire : Christian Poimbœuf, le DRH de l’AP-HP, sait que certaines iront chercher du travail en clinique privée, et que d’autres reviendront à l’AP-HP par la petite porte, en tant que contractuelles. Le premier scénario est plus attractif que le second pour des raisons financières : « Une infirmière retraitée qui revient à l’hôpital ne peut pas y travailler plus de quatre mois par an, sauf à perdre une partie de sa pension, observe le directeur des ressources humaines. Cette limitation n’existe pas dans le privé. J’ai entendu des infirmières me dire qu’elles allaient prendre leur retraite, travailler à mi-temps en clinique, et gagner 15 % à 20 % de plus qu’aujourd’hui tout en travaillant moitié moins ».
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