Le groupement ambulancier du Grand Nord, basé à Saint-Omer (Pas-de-Calais) monte actuellement Ambudok, un projet de téléconsultation original dans lequel des ambulanciers interviendraient à domicile pour accompagner les patients lors d'une téléconsultation. « Ce n'est pas forcément connu, estime son directeur, Christophe Silvie, mais les ambulanciers font partie de la chaîne de soins ». Selon lui, ils ont toute leur place dans la coordination des soins de ville en général et dans le développement de la téléconsultation en particulier.
Déclenchement médical
Dans le modèle proposé, l'intervention des ambulanciers est déclenchée par le médecin traitant du patient (ou un autre médecin), pas par le patient. Au domicile, les ambulanciers disposeront d'une mallette de téléconsultation contenant des instruments connectés pour prendre les constantes du patient (tension, température, poids, saturation du sang en oxygène) et une tablette. Grâce à elle, les paramédicaux pourront établir une communication avec le médecin traitant ou, s'il n'est pas disponible, avec un médecin externalisé situé pour le moment en Ile-de-France. Ce praticien peut générer une ordonnance que le patient peut imprimer. Et à l'issue de la téléconsultation, un rapport est envoyé au médecin traitant si ce n'est pas lui qui a fait la consultation. Le groupement du Pas-de-Calais prévoit de former 15 ambulanciers au protocole de téléconsultation et de s'équiper de plusieurs mallettes.
Côté technique, le stockage des données du patient et des communications avec le médecin sont sécurisées, selon Christophe Silvie. Les ambulanciers se sont alliés avec la société polonaise Comarch, installée en France et « homologuée HDS » (hébergement des données de santé, NDLR) et la plateforme de télémédecine Télédok.
« On ne dit pas que ces téléconsultations sont la solution à tout, ajoute Christophe Silvie. Pour certaines pathologies, ce ne sera pas le cas. On ne se substitue pas au médecin ou au SAMU. En cas d'urgence vitale, c'est le centre 15 qu'il faut appeler. Mais cela répond à des besoins dans la ruralité où les médecins vont de moins en moins à domicile ou dans les zones de désertification médicale. »
En termes de financement du service, la démarche du groupement s'inscrit dans le cadre expérimental de l'article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale de 2018, qui finance l'innovation organisationnelle en santé. Les ambulanciers espèrent voir les premières consultations réalisées au premier trimestre 2020.
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