ON N’EN A JAMAIS fini avec Ibsen. Le Norvégien (1828-1906) a été très tôt traduit et joué dans toute l’Europe. Il n’a, depuis, jamais quitté l’affiche et, selon les regards (traductions, mises en scène), son théâtre nous apparaît plus ou moins daté.
Avec « les Revenants », à Nanterre, l’Allemand Thomas Ostermeier dirige pour la première fois des acteurs de culture et de langue française. Il a mis en scène en allemand toutes les grandes pièces de l’écrivain de « Une maison de poupée » et, l’été dernier, à Avignon, « Un ennemi du peuple » avait fait très forte impression. Dans un décor de vidéos enveloppantes et un plateau tournant, les personnages comme le paysage sont pris dans le tournis d’un passé qui bégaye. Retour du refoulé, figure de l’interdit qui se répète. La pièce est d’une violence feutrée et les comédiens portent les souffrances et les contradictions des personnages avec une profondeur, une intelligence, une sensibilité bouleversante. Saluons Valérie Dréville, la veuve qui est au cœur de la tragédie, son fils Osvald, Éric Caravaca, le pasteur confident, François Loriquet, la jeune Régine, Mélodie Richard, son père, Jean-Pierre Gos.
Au tournoiement d’oiseaux de mauvais augure dans « les Revenants » répond la verticalité qui hante « Solness le constructeur », présenté au théâtre de La Colline. Ici, il s’agit d’élévation et de risque de chute mais ici aussi le passé insiste et crève la surface faussement calme des vies. Dans un décor qui permet de dessiner le bureau de l’architecte, la maison, l’extérieur, les comédiens incarnent avec intelligence les personnages tous douloureux ou trop exaltés. Saluons Michel Robin, délicat, Adrien Gamba-Gontard, son fils, Agathe L’Huillier, la fiancée, et Gérard Chaillou, l’ami de la famille, le médecin. Solness, qui craint la relève et sera perdu par trop de jeunesse, est interprété par un Wladimir Yordanoff maître de la moindre des nuances de cette personnalité complexe. Face à lui, sa femme, Dominique Valadié, absolument époustouflante dans la plus grande rigueur, et l’étourdissante Adeline D’Hermy de la Comédie-Française. L’intrigue, vous la connaissez et si vous ne la connaissez pas, il faut vous en laisser savourer les sombres humeurs, un roman noir, un suspense digne d’un thriller, métaphysique en plus.
« Les Revenants » au Théâtre de Nanterre-Amandiers (tél. 01.46.14.70.00, nanterre-amandiers.com) jusqu’au 27 avril puis en tournée. « Solness le constructeur » à La Colline (tél. 01.44.62.52.52, www.colline.fr) jusqu’au 25 avril.
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