Pasteur par Éric Orsenna

Au bonheur de la science

Publié le 26/10/2015
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« Voici, racontés par un ignorant qui se soigne, quelques-uns des principaux mécanismes de la vie. » Éric Orsenna explique ce qui l’a conduit à se pencher sur la vie et l’œuvre de Louis Pasteur (1822-1895). Élu à l’Académie française en 1998, l’écrivain y occupe le siège du savant et y fut pendant treize ans le voisin du prix Nobel de médecine François Jacob. Accablé, raconte Orsenna, par son « ignorance abyssale en biologie », ce dernier lui conseilla de se plonger dans l’existence de Pasteur : « Tu seras bien obligé d’apprendre un peu ! ».

« Il avait raison. Je commence à savoir quelques petites choses sur ce qui nous fait et nous défait », dit Orsenna dans ses remerciements – lesquels incluent son médecin traitant qui, explique-t-il, lui a prescrit plus de livres que de médicaments ! Le lecteur, lui, apprendra beaucoup de choses sur Pasteur, l’homme, et sur ses recherches, mais pas seulement. L’attrait de « La vie, la mort, la vie » tient aussi à sa mise en scène du contexte historique et sociologique et ses digressions qui n’en sont pas, comme l’anecdote sur Jacques Chirac, qui, grand amateur du serrage de mains, ne manquait pas de faire longuement désinfecter les siennes après chaque bain de foule.

De courts chapitres pleins d’humour font alterner événements intimes (les parents, le mariage, les enfants, dont trois filles qui vont mourir très jeunes) et étapes professionnelles et scientifiques (les cristaux, la fermentation, les vers à soie, le choléra des poules…). Sur ses découvertes principales, Orsenna reprend la formule de Pasteur « Le hasard ne sourit qu’aux esprits préparés ». L’académicien regrette au passage que ses collègues aient refusé de faire entrer dans le dictionnaire le mot sérendipité (trouver autre chose que ce que l’on cherche).

Sur l’absence de rire chez Pasteur, sa détestation cordiale de Victor Hugo, et sur le vin, le mariage, la vie, la mort, etc., on trouvera de même dans ce livre de quoi alimenter des réflexions plus ou moins inattendues.

« La vie, la mort, la vie - Louis Pasteur 1822-1895 », Fayard, 198 p., 18 euros.
Renée Carton

Source : Le Quotidien du Médecin: 9444