LA TOURNÉE du Ballet national de Chine est passée par le Châtelet avec deux spectacles. Tout d’abord la version classique du « Lac des cygnes », plus précisément la réalisation de Natalia Makarova d’après la version créée en 1877 au Bolchoï de Moscou par Marius Petipa et Lev Ivanov. Présentation très à l’économie, on s’en doute, pour les décors et les costumes, mais avec un orchestre et un corps de ballet techniquement au meilleur et d’une discipline époustouflante. On n’a cependant pas été séduit, malgré la présence de la formidable danseuse étoile Zhang Jian dans le rôle double d’Odile/Odette. Point faible, les hommes, assez peu crédibles avec leurs moumoutes et trop maniérés, mais surtout raides dans leurs attitudes. Et rien ne paraissait naturel dans une façon de danser toujours trop rapide, sans respiration, sans grâce, en un mot passant à côté de l’essentiel.
En revanche, « le Détachement féminin rouge » méritait le détour. Pur produit de la culture chinoise et objet de propagande, le ballet fut commandé en 1964, en pleine Révolution culturelle, par l’épouse de Mao Tsé Toung. Adapté d’un film, il narre la destinée d’une jeune fille persécutée par un riche marchand, récupérée par la faction féminine de l’Armée Rouge. Si, aujourd’hui, ces chromos peuvent faire sourire, on reste fasciné par l’invention chorégraphique de Wang Xixian et la puissance évocatrice de la musique et des décors très colorés de Ma Yunhong. Très inspirée par notre vocabulaire classique occidental, la chorégraphie emprunte ses plus belles influences à la danse traditionnelle chinoise. Lu Na incarne avec une grâce infinie puis une énergie convaincante la jeune révolutionnaire Wu Qionhua et Tong Jinsheng impose un physique de jeune premier hollywoodien dans le rôle de son sauveur. Magnifique tenue également du Ballet dans son ensemble, merveilleux exemple de discipline et de précision. Seul regret, que la musique enregistrée ait un peu dépoétisé l’ambiance.
Pan sur le bec.
Mais revenons à nos volatiles, avec l’adaptation trash du « Lac » par le chorégraphe d’un célèbre groupe de street dance suédois, Frederik Rydman, qui a eu un succès considérable en Suède, ainsi qu’à Londres, dont le public est pourtant connaisseur. Elle est installée jusqu’au 27 octobre au Casino de Paris**. On peut déplorer l’état de la salle et l’inconfort scandaleux rapporté au prix des places : chaleur insalubre, sonorisation exécrable, rangs trop serrés et fauteuils défoncés. Il n’y a d’ailleurs pas que les fauteuils qui sont défoncés, car si cette adaptation suit les grandes lignes de l’histoire du prince qui tombe amoureux d’un cygne blanc et développe une attirance morbide pour son double noir, les cygnes ici sont des prostituées d’un quelconque quartier rouge du nord de l’Europe que leur souteneur tient à l’héroïne ! Chez le jeune prince, la cocaïne tient tout le monde en état de fête. On en a vu d’autres, certes. Mais le spectacle, qui pourrait être mieux ficelé et présente une réelle invention et habileté dans sa chorégraphie hip-hop et acrobatique, est plombé par une volonté systématique de vulgarité. Le mixage musical est agressif. Les éclairages extrêmes sont, soit insuffisants pour comprendre ce qui se passe sur scène, soit trop violents. L’ensemble ne dure que 80 minutes mais on regarde sa montre plus d’une fois. Dommage ! Pour être audacieuse, l’adaptation de Fredrik Rydman n’a pas la finesse et l’élégance de celle de son compatriote Mats Ek ou du « Swan Lake » à connotation homosexuelle du Britannique Matthew Bourne, lequel a connu un grand succès planétaire.
* « Le Quotidien » du 14 septembre.
** Tél. 08.926.98.926, www.casinodeparis.fr. Places de 34 à 73 euros.
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