Entre Paris et la nouvelle Tchécoslovaquie, František Kupka (1) sera jusqu'à la fin de sa vie dans une recherche permanente entre la forme et la couleur. Un parcours retracé en 300 œuvres et documents au Grand Palais.
Originaire de Bohême, Kupka, après des études aux Beaux-Arts de Prague puis de Vienne, arrive à Paris à 25 ans et gagne sa vie comme illustrateur. Ses débuts sont symbolistes. En 1906, il s'installe à Puteaux à côté des frères Villon, au sein du cubisme naissant. Son abstraction passe par la couleur, source d’émotions, avec des plans verticaux (« la Femme cueillant des fleurs »), des cercles (les « Disques de Newton » de 1912 semblent en mouvement, précédant ceux de Robert Delaunay). Il s'inspire de ses lectures philosophiques, littéraires, scientifiques, musicales (« Je peux produire une fugue en couleurs comme Bach le fait en musique », disait-il à propos de « Piano »). Avec l’envolée lyrique d’« Amorpha, fugue à deux couleurs » (1912), symbole cosmique du rythme vital du monde, il quitte la non-figuration pour l’abstraction.
Engagé dans la Légion pendant la guerre, il devient président de la Colonie tchèque de France et l'industriel Jindrich Waldes, son mécène, lui permet de se consacrer à son art. Autour d’un point, il regroupe un ensemble centrifuge de cercles et d’arc coloré. Il s’inspire aussi du jazz, des machines industrielles et ses « architectures ascensionnelles » de cathédrales témoignent de sa spiritualité.
Invité par Theo van Doesburg, un des fondateurs de De Stijl, au vocabulaire de lignes et de rectangles de couleurs primaires, il participe à l’art abstrait géométrique qui deviendra en France le groupe Abstraction-Création. Une vie entière où, par la couleur, « l’harmonie abolit la frontière entre le visible et l’invisible ».
Révolutionnaire
L’exposition que consacre le Centre Pompidou à l’avant-garde russe, de 1918 à 1922, prend pour cœur l’œuvre de trois de ses figures emblématiques, Chagall, Lissitzky et Malévitch (2).
Après la révolution bolchevique en 1917, Chagall, de retour chez lui à Vitebsk (aujourd'hui en Biélorussie), se marie et crée une école d’art ouverte à tous, associée à un musée. Il y est nommé commissaire des Beaux-Arts et, pour célébrer le premier anniversaire de la Révolution d’octobre, qui lui a permis d’être russe à part entière, il invite tous les peintres de la ville à décorer les rues.
Il veut un enseignement de haut niveau. Pour enseigner l’architecture il choisit El Lissitzky, qui, avec les Prouns (Projets d’affirmation du nouveau en art), déplie le volume architectural pour l’adapter au plan pictural, et qui ralliera en 1920 le mouvement constructiviste. Chagall invite aussi Kazimir Malévitch, fondateur du suprématisme qui rédige ses écrits théoriques, réalise quelques peintures (« Suprématisme de l’esprit ») et crée en 1920 le mouvement Ounovis (les affirmateurs du nouveau dans l’art). Dès lors, carrés, rectangles et cercles aux couleurs primaires, formes pures sans référence symbolique ou rationnelle, envahissent la ville, les façades comme les tramways. Malévitch enthousiasme ses élèves au point que Chagall part pour Moscou en 1920 car sa classe est désertée.
Avec la fin de la guerre civile vers 1921-1922, le climat politique change. L’école ne correspond plus aux intérêts du Parti bolchévique. Elle ferme après sa première et unique promotion en 1922. De populaire, elle était devenue un laboratoire révolutionnaire.
(1) Jusqu'au 30 juillet. Tél. 44.13.17.17, www.grandpalais.fr
(2) Jusqu'au 16 juillet. Tél. 01.44.78.12.33, www.centrepompidou.fr
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