On assiste à une véritable renaissance sur les scènes occidentales du « Corsaire », ballet à grand spectacle créé en 1856 à l’Opéra de Paris. Délaissé par les compagnies, il était réduit à son pas de deux, immortalisé par Rudolf Noureev et Margot Fonteyn, exercice obligé des concours et galas de danse classique « Le Quotidien » avait salué la sortie chez Opus Arte du DVD de la chorégraphie réalisée en 2013 par Kader Belarbi, qui venait d’être nommé à la tête du Ballet du Capitole de Toulouse, avec l’aide du chef d’orchestre britannique David Coleman, à qui il avait commandé une nouvelle partition. « Le Corsaire » de l’English National Ballet, que publie le même éditeur, revient aux sources de l’original. Anna-Marie Holmes, qui signe chorégraphie et mise en scène, s’est inspirée de la version de Marius Petipa mais aussi de la chorégraphie de Constantin Sergeïev (1974) pour la troupe du Kirov, comme pour ses productions du Boston Ballet (1997) et de l’American Ballet Theater (1998).
L’ensemble peut paraître un peu long, mais il contient de grands moments. Le célèbre pas de deux est remplacé par un pas de trois beaucoup plus élaboré. L’ensemble est très théâtral, avec parfois des réminiscences de cinéma muet. Décors et costumes, signés par Bob Ringwood, célèbre décorateur américain de théâtre et de films (entre autres « Batman », « Alien 3 » et « Star Trek Nemesis »), revendiquent l’influence tant de l’orientalisme du XIXe siècle que d’Hollywood. Le film a été réalisé en janvier 2014 lors des représentations au London Coliseum. La distribution est celle d’origine, avec dans les deux rôles principaux, Medora et Conrad, Alina Cojocaru et Vadim Muntagirov. Très bien appariés, ils sont exemplaires, pour la technique, pour l’élégance et pour la crédibilité de leurs personnages. Le rôle de Birbanto, perfide second de Conrad, est tenu par le jeune Yonah Acosta, très alerte et bon comédien, même si sa pantomime est parfois un peu triviale. Gavin Sutherland dirige avec beaucoup de subtilité cette partition qui combine la musique de neuf compositeurs (1 DVD et 1 Blu-ray disc, Opus Arte).
Rareté et nouveauté
Autre rareté du repertoire, « Marco Spada ou la Fille du Bandit », ballet de cape et d’épée qui avait été remonté pour l’Opéra de Rome en 1981, une production historique par la présence dans le rôle-titre de Rudolf Noureev au sommet de sa gloire (1 DVD, Hardy). Pierre Lacotte l’a monté à son tour en 2014 à Moscou à la demande du Bolchoï, avec le danseur étoile américain David Hallberg, qui se démarque de Noureev et rend extraordinairement crédible le personnage, et Evguenia Obraztsova, magnifique ballerine classique, comme le Bolchoï en a le secret. Le spectacle est magnifique, le corps de ballet excellent et, sous la direction d’Alexei Bogorad, rend justice à la formidable partition d’Auber. Les progrès de la façon de filmer la danse sont particulièrement bien illustrés par cette réalisation signée François Duplat et Vincent Bataillon (1 DVD et 1 Blu-ray disc, Bel Air Classiques).
Le Ballet de l’Opéra de Paris a ajouté en 2014 à son répertoire « Rain », d’Anne Teresa De Keersmaeker, sur une musique de Steve Reich, créé à Bruxelles en 2001. La chorégraphe belge n’est peut-être jamais allée aussi loin qu’avec ce ballet où dominent une danse jubilatoire et un sens du mouvement et du trait qui collent comme un gant à l’univers répétitif de la musique de Reich, précisément sa « Music for 18 Musicians » pour ensemble avec voix (1976). Élève de Béjart, De Keersmaeker a toujours été une adepte du mouvement et de la forme dépouillés. Avec ses dix interprètes, « Rain » fait figure d’épure, et les jeunes danseurs du Ballet de l’Opéra se sont approprié ce style avec une acuité qui force l’admiration. Les costumes pastels et inventifs de Dries Van Noten sont un grand atout de cette réussite (1 DVD et 1 Blu-ray disc, Bel Air classiques).
Signalons aussi deux parutions de « Jewels », le triptyque de Balanchine. La version du Ballet du Mariinsky de Saint- Pétersbourg sous son propre label, très académique, avec des étoiles merveilleuses, Ulyana Lopatkina, Irina Golub, Igor Zelensky, sous la direction musicale de Tugan Sokhiev (1 DVD Mariinsky). Chez Opus Arte (1 DVD), c’est la production au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris, dans des costumes réinterprétés par Christian Lacroix. Presque tous ses merveilleux interprètes de 2006 sont aujourd’hui retraités de la compagnie : Aurélie Dupont, Marie-Agnès Gillot, Agnès Letestu, Laëtitia Pujol et Kader Belarbi. Nostalgie !
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