DANS SA PRÉFACE de novembre 1838, Victor Hugo écrit, pour situer l’action de son drame, que « les grandes choses de l’État sont tombées, les petites seules sont debout, triste spectacle public ; plus de police, plus d’armée, plus de finances, chacun devine que la fin arrive. De là, dans tous les esprits, ennui de la veille, crainte du lendemain, défiance de tout homme, découragement de toute chose, dégoût profond. » On ne peut s’interdire de penser à ces mots en assistant à la représentation de « Ruy Blas » qui marque la réouverture, après une longue campagne de travaux, du Théâtre national Populaire (TNP) à Villeurbanne. Christian Schiaretti, grand directeur et artiste inspiré, ne pouvait trouver plus beau texte pour marquer l’événement. Il y a tout dans Hugo, et l’on découvre avec un plaisir profond l’œuvre que l’on a beau connaître : on ne sait jamais tout et il est vrai qu’il y a quelque chose qui fait chaque fois écho au présent.
« Ruy Blas » est d’abord bonheur du jeu, de l’intrigue, de l’aventure, des retournements. Cœur pur, traître, noble aventurier, reine malheureuse, ministres déloyaux, amour, danger, le drame est de cape et d’épée et, dans l’immense espace imaginé par Rudy Sabounghi, tout en azuleros patinés par le temps, les lumières sont au mystère, au complot, aux présences furtives, aux trahisons.
Christian Schiaretti signe une mise en scène fluide et belle qui permet les scènes larges et l’intimité. Il a réuni une troupe forte, avec des personnalités rayonnantes. Pour saluer ses aînés, il a donné le rôle de la duègne à Isabelle Sadoyan, qui était au premier jour, en 1948, au côté de Roger Planchon, et celui de Don Guritan, vieille ganache, amoureux de la reine, à Roland Monod, qui travailla auprès de Vilar. La jeune reine de Juliette Rizoud manque un peu d’assurance pour le moment, mais après tout, c’est le personnage. Dans la partition du méchant Don Salluste, Robin Renucci est d’une fermeté sans faille, et Nicolas Gonzales est un Ruy Blas solaire et sensible. Jérôme Kircher impose l’intelligence et la grâce de son tempérament généreux en Don César.
Un beau spectacle, libre, intelligent, fidèle au rêve de Victor Hugo d’un théâtre « humain, naturel, universel par la passion ».
TNP-Villeurbanne, jusqu’au 11 décembre. Durée : 3 h 15 entracte compris. À 20 heures en semaine, 16 heures le dimanche (tél. 04.78.03.30.00, www.tnp-villeurbanne.com). Puis du 6 au 29 janvier aux Gémeaux de Sceau et du 8 au 10 février à La Coursive de La Rochelle.
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