Quoi de mieux pour définir l’esprit français que de s’attacher à l’après-68, qui a vu naître une contestation globale ? C’est le parti de l’exposition foisonnante de la Maison Rouge, « L'esprit français - Contre-cultures (1969-1989 » (1), qui considère que c’est dans les marges que la France produit ce qu’elle a de meilleur.
Tout y passe, l’identité nationale, l’exercice de la liberté, le développement de la psychiatrie institutionnelle, la dénonciation de « l’école caserne », la libération sexuelle… Après des années marquées par l'idéalisme, un certain nihilisme s’installe. La recherche d’un plaisir immédiat répond à la crise économique et au chômage et, plutôt que de s’attaquer au système, on cherche des modes de vie alternatifs. Les banlieues qui se voulaient modernes deviennent responsables de déshumanisation.
Tous les champs de la création sont présents dans l'exposition : les arts plastiques avec la figuration narrative, la bande dessinée avec Topor, Kiki Picasso, la littérature et l’édition avec Champ Libre, la musique avec Gainsbourg et Bérurier Noir, le cinéma avec la féministe Carole Roussopoulos, la presse avec « Hara-Kiri », les radios libres. Nul doute que cette contre-culture, un temps marginale, a profondément marqué la société d’aujourd’hui.
Spontané et expérimental
Bernard Rancillac, né en 1931, était contestataire avant Mai 68 et l’est resté. En 1964, il est, avec Hervé Télémaque et Jacques Monory, un des fondateurs de la Nouvelle Figuration, qui s’oppose à l’abstraction des années 1950. Pour lui, l’art doit être spontané et expérimental. Critiqué pour sa peinture photographique, qui reporte les images de presse sur la toile, il s’inspire de la bande dessinée. La rétrospective que lui consacre le musée de la Poste à l'Espace Niemeyer (2) va des dénonciations des atrocités des guerres à la critique de la société qui fait des femmes des produits d’une époque et d’une culture. Hors contestation, le son du jazz qu’il veut faire passer dans ses tableaux.
Autre contestation, internationale cette fois, avec le peintre et sculpteur néerlandais Karel Appel (1921-2006), cofondateur du groupe CoBrA (pour Copenhague, Bruxelles et Amsterdam), un art très coloré qui se veut aussi expérimental et spontané. Gestuelle qui sera plus ou moins narrative avec le temps, comme en témoignent les tableaux, sculptures et polyptyques présentés au musée d'Art moderne de la Ville de Paris (3), avec pour sous-titre « L'art est une fête ! ».
(1) Jusqu'au 21 mai. Tél. 01.40.01.08.81, www.amaisonrouge.org
(2) Jusqu'au 7 juin. Tél. 01.40.40.12.12, www.ladressemuseedelaposte.fr
(3) Jusqu'au 20 août. Tél. 01.53.67.40.00 www.mam.paris.fr
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