Théâtre
En janvier dernier, au moment des premières représentations du « Roi Lear » dans la mise en scène de Christian Schiaretti, nous avions signalé ce grand spectacle de troupe, magnifiquement orchestré. Le dispositif scénographique est une longue double paroi qui enveloppe toute la scène et ménage un couloir, par lequel surgissent les personnages. La façade rappelle un théâtre élisabéthain. Le plateau est complètement dégagé. Très peu d’éléments scéniques pour une longue représentation (près de quatre heures, entracte inclus), qui s’appuie sur un travail des lumières, du son, de la musique, très fluide. Les costumes sont superbes et la troupe du Théâtre national populaire (TNP) de Villeurbanne est unie et joue à un très haut niveau la traduction d’Yves Bonnefoy.
Dans le rôle-titre, un interprète fascinant, Serge Merlin. Il y a près de trente ans, il avait déjà joué Lear. Il a lui-même demandé à Schiaretti de le mettre en scène. Il est prodigieux. Frêle et ultrasensible, avec une voix puissante capable de tonner mais aussi de se faire très douce, tout en demeurant très audible, il est un Lear bouleversant. Inquiétant, féroce, vulnérable, tendre. Un grand Lear de 81 ans à applaudir sans réserve.
Une vision renouvelée
« Gaudeamus » n’est pas une reprise, mais la nouvelle création, vingt-quatre ans après, d’un spectacle qui avait époustouflé le monde entier. Le même metteur en scène, Lev Dodine, 70 ans, dirige une nouvelle génération de comédiens. Au début des années 1990, les élèves de l’institut théâtral de Leningrad (Saint-Pétersbourg à nouveau depuis 1991, à la suite d’un référendum) préparent leur spectacle de sortie et d’entrée au Maly Drama Theatre. Ils travaillent sur le roman de Sergueï Kaledine « Bataillon de construction ». En quinze tableaux naît « Gaudeamus » (de « Gaudeamus igitur… », chant étudiant du Moyen Âge encore en usage dans le nord de l’Europe). C’est la vie des casernes en Union soviétique. Camaraderie, ordres ineptes, discipline, rébellion, énergie, beuverie, etc. La vision de Lev Dodine, l’énergie des jeunes gens fit de « Gaudeamus » un moment inoubliable. Il y avait la guerre en Afghanistan, qui avivait la dureté de certaines scènes. Aujourd’hui, il y a l’Ukraine. On n’a pas vu ce spectacle qui renaît, avec des jeunes gens d’aujourd’hui, sous le regard du même grand artiste, l’un des plus importants d’Europe aujourd’hui. Mais on ne doute pas de l’intérêt immense de « Gaudeamus ».
« Le Roi Lear », Théâtre de la Ville (tél. 01.42.74.22.77, www.theatredelaville-paris.com), jusqu’au 28 mai. Puis au Bateau-Feu de Dunkerque du 4 au 6 juin.
« Gaudeamus », MC93 Bobigny (tél. 01.41.60.72.72, www.mc93.com), du 22 au 25 mai seulement.
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