ON CONNAÎT, on aime cette pièce déchirante. Elle est souvent jouée. L’écrivain américain (1888-1953) l’a composée après avoir reçu le prix Nobel, comme un testament. L’intrigue est tout entière puisée dans sa vie. Fils d’un grand comédien shakespearien qui, obsédé par l’argent et pingre, préféra jouer Monte-Cristo trente ans durant, et d’une femme douloureusement dépendante de la morphine, petit frère écartelé entre un aîné brillant et autodestructeur et le fantôme d’un enfant mort à 2 ans, Eugène O’Neill est un grand poète tragique. Dans la traduction de Françoise Morvan, on saisit la souffrance de tous les personnages. L’alcool, la dépendance, la tuberculose, l’espérance par l’art, la musique, la poésie, tout ici ligote les êtres, qui ne respirent que lorsqu’ils laissent sourdre de leurs cœurs gonflés Shakespeare ou Baudelaire. À cet égard, les scènes finales entre le père et son fils ou entre les deux frères sont bouleversantes et interprétée de manière magistrale par Alain Libolt, Philippe Duclos, Pierre Baux.
Célie Pauthe, qui signe la mise en scène, s’est enfermée dans une scénographie qui entrave : une chambre d’hôtel des années 1940. Que la maison de la famille soit triste, que le père avaricieux soit obsédé et éteigne les ampoules, ne doit pas signifier que l’on plonge les personnages dans le noir, car, on le sait, ne pas voir c’est moins bien entendre. Les fantômes sont dans l’encre, inutile de les faire surgir. Cela pèse dans la première partie, les grands actes de Mary, la mère, incarnée avec une profondeur vertigineuse par Valérie Dréville. Mais le rythme choisi dans cette partie inutilement lent et c’est dommage.
La Colline, le mardi à 19 heures, du mercredi au samedi à 20 heures, le dimanche à 16 heures. Durée : 4 heures entracte compris (2 h 10, entracte, 1 h 30). Texte publié par L’Arche (tél. 01.44.62.52.52). Jusqu’au 9 avril.
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