Livres
Reconnu comme un romancier capable de questionner le monde tout en le divertissant et auteur de plusieurs best-sellers (« l’Homme qui voulait vivre sa vie » ou « la Femme du Ve », adaptés au cinéma, et, dernièrement, « Cinq jours »), Douglas Kennedy réunit, dans « Murmurer à l’oreille des femmes » (1), 12 textes commandés initialement par des magazines. Ces récits montrent des personnages, hommes et femmes, aux vies apparemment bien réglées et confortables mais qui sont insatisfaits, qui aspirent à d’autres émotions et qui sont parfois au bord du gouffre. « Guerre froide » est un texte autobiographique où l’auteur, à l’âge de 7 ans, croise le regard d’une fillette, un échange qui va marquer sa vie sentimentale future ; cela alors que sa mère « ignorait qui elle était et ce qu’elle aurait voulu être » et que son père restait « immobile parce que ne sachant où aller. Le résumé de ce que sa vie allait devenir. »
Didier Desbrugères, 54 ans, est venu à l’écriture tard (« le Délégué » date de 2010 et « la Biographie » de 2013), après s’être consacré à la peinture et à la sculpture. « Limon » (2), l’une des cinq nouvelles évoquant la Grande Guerre, donne son titre au recueil. C’est l’histoire de Gabriel, métayer dans le domaine de la Vie qui appartient au marquis, marié à Alexandrine depuis deux ans, mobilisé trois jours après la déclaration de guerre et qui ne reviendra pas ; homme de devoir pour travailler les champs, il le sera aussi sur les champs de bataille et, après avoir vécu de la terre, c’est dans la terre qu’il s’embourbera.
Salué en Italie, « Un coup de téléphone du ciel » (3) est le premier recueil de Sandro Veronesi, dont on connaît les romans « la Force du passé », « Chaos calme » (prix Femina 2008) et « XY ». Les 14 histoires, plus ou moins brèves, montrent des gens ordinaires qui vivent, à un moment de leur vie banale, des choses extraordinaires. Ainsi de l’homme qui, après s’être opposé à plusieurs apports du monde moderne, éprouve le besoin de clamer son amour à sa compagne alors qu’il voyage en avion ; un coup de téléphone qui va changer sa vie. Dans « Prophétie », l’auteur raconte l’agonie de son père, quelques mois à peine après le mort de sa mère, et la présente comme un acte programmé qui répond à un dessein qui vient de loin, ou de haut.
Karen Russell, 32 ans, a été finaliste du prix Pulitzer en 2012 avec son premier roman « Swamplandia ». Avec son recueil « Foyer Sainte-Lucie pour jeunes filles élevées par les loups » (4), on entre dans un univers singulier, à mi-chemin entre le réel et le fantastique. Normal, sachant que ses 10 nouvelles posent la question du passage de l’enfance au monde adulte, du monde sauvage au monde civilisé, avec tout ce que cela suppose de renoncement, mais aussi la part qui subsiste en certains d’animalité, d’innocence et de folie. L’heure est à l’imaginaire, avec des héros qui sont de drôles d’animaux.
Un nouveau recueil de l’écrivain catalan Sergi Pàmies est une promesse de ses « histoires tristes qu’on peut lire avec le sourire » et les 26 « Chansons d’amour et de pluie » (5) ne font pas exception. L’humour est toujours là, mais, à 54 ans, Sergi Pàmies en vient à une histoire plus personnelle. Il parle de ses parents (son père, l’un des dirigeants du PC espagnol, a été torturé avant de se réfugier en France et sa mère, écrivaine féministe, a largement témoigné de ses aventures de militante exilée), de ses enfants (qui l’ont conduit à délaisser le roman, « très possessif, monogame, jaloux », pour la nouvelle, « plus libérale ») et de lui-même ; ou, dans « New York, 1994 », de son angoisse obsessionnelle, lorsqu’il est invité à dîner chez Paul Auster, qu’il admire, et qu’il doit confier sa vie à un chauffeur de taxi pour aller de Manhattan à Brooklyn !
Paul Yoon,34 ans, américain d’origine coréenne, est un auteur à découvrir. Son premier livre, « Autrefois le rivage » (6), a été sélectionné comme l’un des meilleurs ouvrages de l’année 2010, et est lauréat de l’Asian American Literary Award. Les huit nouvelles qu’il renferme sont liées les unes aux autres, elles se situent dans une petite île au large de la Corée du sud et entraînent le lecteur des années 1940 à nos jours. Des images de guerre, de violence, de deuil, d’amour perdu et de silences lourds de conséquences traversent le livre mais la vie, la douceur, la tendresse et le pardon illuminent les pages.
(1) Belfond, 248 p., 21 euros.
(2) Gaïa, 211 p., 18 euros.
(3) Grasset, 237 p., 18 euros.
(4) Albin Michel, 253 p., 20 euros.
(5) Jacqueline Chambon, 140 p., 16,50 euros.
(6) Albin Michel, 274 p., 20 euros.
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