Le musée d'Orsay (1) a choisi une manière littéraire de commémorer le centenaire de la disparition d’Edgar Degas (1834-1917), le regard de Paul Valéry (1871-1945). L'écrivain avait consacré à son ami peintre un ouvrage méconnu, publié en 1937 aux éditions Vollard, « Degas Danse Dessin », abrégé en DDD, un dialogue de textes inspirés des notes quotidiennes recueillies dans ses « Cahiers » et de gravures d’après les peintures et sculptures de Degas autour de trois thèmes, le dessin, la danse et le cheval.
Quelques extraits. Sur les maîtres : « Degas aujourd’hui me parle d’Ingres » qui lui avait dit, feuilletant ses études : « C’est bon ! Jeune Homme, jamais d’après la nature. Toujours d’après le souvenir et les gravures des maîtres. » Sur la manière de voir en dessinant : « Je crois bien qu’il pensait qu’une œuvre ne peut jamais être dite "achevée". » À propos du nu : « Degas, toute sa vie cherche dans le Nu (…) le système unique de ligne qui formule tel moment d’un corps avec la plus grande précision mais aussi la plus grande généralité possible (... Il) ne s’abandonne jamais à la volupté naturelle. J’aime cette rigueur. » À propos des danseuses : « Degas est l’un des rares peintres qui aient donné au sol son importance. »
Pour Degas, le cheval « marche sur les pointes » et en regardant les photos de Muybridge, qui « rendaient manifestes les erreurs que tous les sculpteurs et les peintres avaient commises », il évoque « toute une série d'opérations mystérieuses entre l'état de taches et l'état de choses » qui interviennent et « nous imposent des continuités, des liaisons, des modes de transformation, que nous regroupons sous les noms d’espaces, de temps, de matière et de mouvement ». Valéry apprend la mort de Degas : « Mais encore ses mains cherchaient des formes. »
Une vision renouvelée de la poétique de l'art et une méditation sur la création.
Des pastels rares
À voir aussi « l'Art du pastel, de Degas à Redon », les 130 pastels de la collection du Petit Palais (2). À la croisée du dessin et de la peinture et du fait de sa facilité d’usage, le pastel séduit les artistes de la deuxième moitié du XIXe siècle, après avoir vécu le siècle précédent ce que l’on croyait être son âge d’or. Les paysagistes (Alexandre Nozal), les impressionnistes (Morisot, Renoir, Gauguin et bien sûr Degas), ceux qui s’attachent à la vie moderne (Bartholomé, Dagnan-Bouveret, Louise Breslau, Jeanniot), les portraitistes mondains (Tissot, Blanche) et les symbolistes (Lévy-Dhurmer, Ménard et surtout Odilon Redon), dont les harmonies de couleurs évoquent de manière magistrale le mystère et le rêve.
Autre très belle découverte, également au Petit Palais, pour quelques jours encore (3), le Suédois Anders Zorn (1860-1920), avec 150 œuvres. Dans ses débuts aquarelliste virtuose, surtout dans ses représentations de l’eau autour de Stockholm, à Venise, à Hambourg, en Afrique du nord. Ses peintures comme ses aquarelles révèlent son talent, qui fera de lui l'un des portraitistes mondains d’industriels, de banquiers, d’hommes politiques les plus recherchés de son temps, à Paris, dans le reste de l’Europe et jusqu'aux États-Unis.
(1) Jusqu'au 25 février. Tél. 01.40.49.48.14, www.musee-orsay.fr
(2) Jusqu'au 8 avril. Tél. 01.53.43.40.00, petitpalais.paris.fr
(3) Jusqu'au 17 décembre
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