« Oh la vache ! » (1) est une très agréable surprise de ce début d’année. On avait oublié que David Duchovny, surtout connu pour avoir incarné l’agent du FBI Fox Mulder dans la série « X-Files », avait entrepris des études de lettres à Yale avant de se tourner vers Hollywood. Son premier roman est une sorte de fable écolo totalement loufoque et bourrée de clins d’œil. Une vache nommée Elsie Bovary décide de s’exiler en Inde pour ne pas finir en steak ; elle entraîne Tom le dindon, qui rêve de rejoindre la Turquie, et le cochon Shalom, qui se convertit au judaïsme pour vivre tranquille en Israël. Rien ne se passe évidemment comme l’espèrent les compères, car leurs pays de rêves sont en réalité tiraillés par des conflits communautaires ou religieux inextricables. L’humour et le talent au service de la fraternité.
Prix Goncourt en 1976 pour « les Flamboyants », Patrick Grainville nous embarque, dans « le Démon de la vie » (2), son 25e roman, dans un récit exubérant placé sous le signe de la sensualité. Un paisible village des Maures est en ébullition après que Nabucco, un tigre qui appartient à un original fortuné, s’échappe de sa luxueuse villa. Tout le monde, les gendarmes, l’armée, les journalistes et même un chasseur de fauves, traque l’animal ; mais pas Louise et Luc, deux adolescents amis d’enfance qui sont devenus amants et qui prennent faits et cause pour l’animal. Jusqu’au moment où ils sont les témoins de la trahison et des mensonges de leurs parents respectifs et, plus généralement, de la lâcheté et de la malhonnêteté des adultes. Un roman d’initiation très charnel.
Considéré comme un écrivain majeur de l’après-guerre au Japon, Nosaka Akiyuki (« la Tombe des lucioles ») le dit sans ambages : « Nosaka aime les chats » (3). Il le dit au travers de trente petites nouvelles inspirées du quotidien, qui sont un hommage aux félins qui l’ont accompagné durant toute sa vie et qui lui ont appris tant de choses sur l’existence, le rapport à la nourriture ou à la mort, en même temps qu’un prétexte à un retour sur soi, à des confidences et des souvenirs.
Les écrivains et les félins ont de tout temps fait bon ménage : on le constate à nouveau avec l’opuscule « le Chat des écrivains » (4), qui brosse le portrait et raconte les histoires d’une cinquantaine de couples félin et poète, fabuliste, romancier ou biographe. Cette promenade en littérature avec les chats pour guides est illustrée par Loïc Sécheresse.
Dans la guerre
Jean-Michel Derex, docteur en histoire spécialisé dans les évolutions des relations de l’homme à la nature, raconte, dans un joli petit album illustré par Clément Masson, l’histoire vraie du « Pigeon Vaillant. Héros de Verdun » (5). Comment ce pigeon – qui était en fait une pigeonne – est devenu un pigeon-soldat et comment, lorsque son fort de Vaux à Verdun a été attaqué par les Allemands, il a été le dernier recours pour demander de l’aide. Avec succès.
La guerre est aussi en fond de « Sirius, le chien qui fit trembler le IIIe Reich » (6) du Berlinois Jonathan Crown : la rocambolesque histoire d’un petit fox-terrier qui, lorsqu’il est arrivé chez les Lilencron, de grands bourgeois juifs allemands, s’appelait Levi. Rebaptisé Sirius en 1938 pour des raisons de sécurité, il accompagne les siens dans leur fuite vers l’Amérique et plus précisément Hollywood. Repéré par hasard, Sirius joue les figurants avant de devenir une vedette sous le nom d’Hercule. Ce n’est pas fini : loué au cirque Barnum pour une tournée dans les États-Unis, le chien est réexpédié par erreur en Europe… à Berlin… où il est adopté par Hitler qui le renomme Hansi. Un premier roman déjanté et réjouissant.
En octobre 1991, deux randonneurs ont été dévorés par un ours noir sur l’île de Bates. Dans « l’Ours » (7), la romancière canadienne Claire Cameron imagine une suite à ce fait-divers tragique, dans laquelle la famille Whyte a été attaquée : Anna, 5 ans, et son petit frère sont restés cachés dans une grande glacière jusqu’au matin ; leur père a disparu et leur mère, grièvement blessée, les convainc de fuir avec le canoë. C’est la petite fille qui raconte leurs longues journées d’errance dans les bois, sans rien à manger ni boire, leur solitude et leurs peurs dans une nature hostile. Naïf et touchant.
Dans la continuité d’une œuvre humaniste construite autour du dialogue interculturel, Martine Le Coz (prix Renaudot 2001 pour « Céleste ») donne, avec « l’Appel des éléphants » (8) un livre d’aventures qui est aussi un hommage au monde animal et à son représentant emblématique, l’éléphant. Le récit commence en Inde, dans le Bihar, de 1980 à 2001, les années d’apprentissage d’un jeune mahout (ou cornac). Puis Anil est envoyé au Botswana, afin d’enseigner le dressage des éléphants aux Africains d’un centre touristique. Il découvre rapidement le trafic de l’ivoire lié au trafic d’armes, se bat contre les trafiquants et devient le porte-parole de la cause des éléphants au Sommet de la Terre de Johannesburg, en 2002. Le thriller tourne à la réflexion politique, pose la question de l’avenir des animaux parmi les hommes et amorce une remise en perspective du drame écologique planétaire.
(2) Seuil, 275 p., 19 euros.
(3) Philippe Picquier, 244 p., 18,50 euros.
(4) Gallimard-Folio, 185 p.,
(5) Pierre de Taillac, 32 p., 14,90 euros.
(6) Presses de la Cité, 240 p., 19 euros.
(7) Kero, 285 p., 18,90 euros.
(8) Michalon, 340 p., 20 euros.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série