LIVRES - Les romans de l’été (suite et fin)

Des sagas venues d’ailleurs

Publié le 09/07/2012
Article réservé aux abonnés
1341796471363517_IMG_87484_HR.jpg

1341796471363517_IMG_87484_HR.jpg

1341796465362474_IMG_87474_HR.jpg

1341796465362474_IMG_87474_HR.jpg

1341796465362552_IMG_87475_HR.jpg

1341796465362552_IMG_87475_HR.jpg

1341796466362553_IMG_87476_HR.jpg

1341796466362553_IMG_87476_HR.jpg

1341796471363518_IMG_87485_HR.jpg

1341796471363518_IMG_87485_HR.jpg

1341796468362555_IMG_87478_HR.jpg

1341796468362555_IMG_87478_HR.jpg

1341796469363515_IMG_87482_HR.jpg

1341796469363515_IMG_87482_HR.jpg

1341796470363516_IMG_87483_HR.jpg

1341796470363516_IMG_87483_HR.jpg

1341796468362556_IMG_87479_HR.jpg

1341796468362556_IMG_87479_HR.jpg

1341796469363511_IMG_87480_HR.jpg

1341796469363511_IMG_87480_HR.jpg

1341796467362554_IMG_87477_HR.jpg

1341796467362554_IMG_87477_HR.jpg

* « La Tour » (1) est un livre magistral qui nous fait vivre, et mieux, ressentir, les dernières années de la RDA, de la mort de Brejnev, en 1982, à la chute du mur de Berlin, en 1989. On est plus précisément à Dresde, dans un quartier résidentiel où les membres de la bourgeoisie est-allemande s’efforcent de survivre à la grisaille, la bureaucratie et la peur tout en perpétuant leur amour des belles-lettres et de la musique. L’auteur, Uwe Tellkamp, est né à Dresde en 1968 et il a dû suspendre ses études de médecine un temps, car il a été emprisonné pour avoir manifesté contre le régime. L’un des personnages principaux est un chirurgien – comme il le fut –, renommé mais qui mène une double vie et dont le fils incarne l’Homme nouveau. Un pavé qui mérite qu’on l’emporte.

* Historienne d’origine russe, Anne Hogenhuis aborde également ces thèmes en racontant, dans « Tristes printemps » (2), l’histoire vraie des Seliverstoff, qui se déroule en Russie sur plusieurs générations. Une famille qui a tenu les rênes du pays jusqu’à la révolution bolchevique et dont les enfants ont essayé par tous les moyens de surmonter les épreuves les plus dures sans pour autant renoncer à la culture. Une épopée romanesque où dominent des portraits de femmes courageuses, à l’âme slave hors du commun.

* La fragilité humaine et la volonté de survivre malgré tout sont aussi au centre du « Palais de verre » (3), qui a été finaliste du Booker Prize et élu meilleur livre de l’année par « The Observer » et « The Financial Times ». Simon Mawer – diplômé en zoologie de l’université d’Oxford, il enseigne la biologie – y raconte les prémisses des amours de deux jeunes gens qui fréquentent la haute société des Années folles en Tchécoslovaquie. Leur rêve de faire construire leur maison toute en verre et en lumière sera brisé avec l’occupation nazie puis soviétique de l’Europe centrale. Une fresque conjugale émouvante à travers six décennies d’histoire européenne.

* « Les Enfants de l’oubli » (4) est le premier roman du cinéaste Raffy Shart, une fresque historique et romanesque qui nous fait traverser le siècle, avec en toile de fond la tragédie du peuple arménien. De la déportation dans les camps de Ras ul-Aïn à la prison de Topkapi, des montagnes de Sassoun à la rencontre avec Lawrence d’Arabie et les tribus bédouines du Wadi Rum, en passant par les États-Unis ou encore Paris, le roman raconte les amours entre une jeune fille de la bourgeoisie arménienne et un jeune berger pris dans la tourmente de l’Histoire.

* Considéré comme le « mauvais garçon » des lettres australiennes, car volontiers provocateur à coups de drogue, d’alcool et de sexe, Christos Tsiolkas a été consacré avec son troisième roman, « la Gifle », paru l’an dernier en France. « Jesus Man » (5) a précédé ce succès international, mais il n’a rien perdu de son actualité. À travers le destin des trois frères Stefano, et notamment de Tommy, obsédé par le sexe et la violence, l’auteur brosse un dérangeant tableau de l’Australie de la fin des années 1990 et dénonce nos sociétés vides de sens, sur fond d’immigration, racisme, peurs, solitudes.

* Nous restons en Australie avec « les Affligés » (6), le deuxième roman du jeune écrivain Chris Womersley, qui a été finaliste de tous les grands prix littéraires nationaux. Le récit se situe juste après la fin de la Grande Guerre, quand la grippe espagnole fait des ravages à travers le pays et que, pour en juguler les ravages, des hommes en armes parcourent les campagnes. C’est dans ce contexte que le héros, à peine démobilisé, revient dans sa ville natale de Nouvelle Galles du Sud, qu’il a fuie dix ans plus tôt quand on l’a faussement accusé d’un crime effroyable. Un roman noir où il est question de rédemption, de regret et de vengeance.

(1) Grasset, 965 p., 25 euros.

(2) Éditions du Rocher, 328 p., 18 euros.

(3) Le Cherche Midi, 581 p., 22 euros.

(4) Le Cherche Midi, 694 p., 22 euros.

(5) Belfond, 447 p., 22 euros.

(6) Albin Michel, 320 p., 20 euros.

La famille d’abord

* Après une quarantaine de romans, Janine Boissard reste l’une des romancières françaises les plus populaires. « Une vie en plus » (1) met en scène une femme comblée avec un mari amoureux et trois ados, qui abandonne sa brillante carrière pour mieux être auprès des siens. Rien évidemment ne se passe comme elle l’avait rêvé, avec des enfants qui lui causent de sérieux soucis et la rencontre avec un homme auprès de qui elle retrouve le rêve fou de son adolescence : écrire des chansons. Une « vie en plus » qui risque d’être un moins pour les siens.

* Toute aussi populaire et auteur d’une trentaine de romans dont quatre ont été portés à l’écran, Françoise Bourdin s’intéresse, dans « Serment d’automne » (2), au rapport entre jumeaux. L’un est un brillant architecte à Versailles, l’autre, installé en Bourgogne, risque de tout perdre parce que, atteint d’un cancer, il ne peut assumer seul les vendanges. Un sujet sur la solidarité traité sur le mode des relations viriles et un discours sur la maladie et la mort construit sur des mots de « mecs ».

* Ce sont des sœurs que met en scène Isabel Wolff dans « Tout ton portrait » (3). Juste avant son mariage, Chloé demande à sa sœur Ella, portraitiste renommée, de peindre le portrait de son fiancé… que cette dernière déteste. Ella est par ailleurs contactée par son père, qui n’a pas donné de nouvelles depuis près de trente ans. Ce qu’il va lui dire la laisse face à un dilemme : soit déchirer sa famille en révélant son secret, soit laisser ce mariage la déchirer.

* Journaliste et réalisateur, Vincent Desombre s’est inspiré, pour « Maudite soit-elle » (4), de deux faits réels qui ont défrayé la chronique de l’après-guerre : l’affaire Finaly – le drame de deux enfants juifs non rendus à leur famille après la Deuxième Guerre mondiale – et l’affaire Lecoz – un criminel qui a monté un réseau de résistants pour dépouiller les habitants de la région tourangelle. La forme du thriller, qui mêle suspense et émotion, lui permet d’aller au plus près de la vérité.

* Imaginez l’épouse d’un sénateur américain qui, après plus de trente années passées au service de son mari, à surveiller son image et à faire entrer ses deux filles dans le moule de la parfaite famille modèle, découvre que ledit mari a une liaison. Après l’inévitable déprime, elle choisit de s’exiler dans un coin perdu du Connecticut avec ses enfants et de reprendre enfin sa vie en main. Ce qui va advenir est à découvrir dans le nouvel opus de Jennifer Weiner, « À propos d’amour » (5).

(1) Fayard, 522 p., 22 euros.

(2) Belfond, 301p., 21 euros.

(3) JC Lattès, 394 p., 19,50 euros.

(4) Scrineo, 303 p., 19 euros.

(5) Belfond, 389 p., 20 euros.

MARTINE FRENEUIL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9152