Daniel Friedman, auteur américain de 35 ans, s’est distingué en créant dans « Ne deviens jamais vieux » le personnage de Buck Shatz, une légende de la police de Memphis, sorti à 87 ans de sa retraite pour combattre son ennemi juré, l’incarnation du mal absolu. Dans « Ne deviens jamais pauvre ! » (1), Buck vient en aide à une vieille connaissance, un cambrioleur qui a eu son heure de gloire et n’a jamais décroché, fort de sa qualité de rescapé des camps de concentration. Le valeureux héros a un an de plus, un déambulateur et quelques problèmes de mémoire, mais le même fichu caractère aujourd’hui qu’en 1965, époque où les deux hommes se sont affrontés. L’auteur propose astucieusement de suivre deux vraies intrigues à deux temps différents dans le même roman.
Avec « les Petits Vieux d’Helsinki mènent l’enquête » (2), la France découvre le premier volet d’une trilogie qui a eu son petit succès en Finlande, dont les héros sont les pensionnaires d’une maison de retraite. L’auteur, Minna Lindgren, journaliste connue pour ses éditos farfelus, a été couronnée pour son article sur le décès de son père. La fiction ne fait pas dans la demi-mesure puisqu’il se passe d’affreuses choses dans la soi-disant charmante résidence du Bois du Couchant : agressions, abus de pouvoir, internements forcés et même une pendaison. De quoi inciter les nonagénaires à faire fi de leurs petits et gros maux pour enquêter.
Une recette à peu près similaire avait été appliquée avec succès par la Suédoise Catharina Ingelman-Sundberg dans « Comment braquer une banque sans perdre son dentier ». Elle récidive avec « le Gang des dentiers fait sauter la banque » (3), où le quintette de retraités déjantés veut rafler la mise et se lance à l’assaut de Las Vegas. Les jeux sont faits : ils récupèrent le butin d’un casse de bijouterie – pour le redistribuer, en partie du moins – mais doivent contrer l’attaque d’un flic hacker et d’un gang de bikers.
À noter aussi le retour des mamies de Didier Fourmy, dans de nouvelles aventures intitulées simplement « les Pétillantes. Saison 2 » (4). La vie du Patio Secret, la luxueuse résidence où séjournent des veuves ou divorcées dont le mot d’ordre est de profiter pleinement du temps restant et de rigoler en se remémorant les instants les plus croustillants du passé, est à nouveau bouleversée, cette fois par le manque d’argent pour faire tourner la « boutique ». L’une des solutions consiste à trouver de nouvelles colocataires dignes de leur standing. La chasse est ouverte.
Enquête sur la sexualité
Un document trouve sa place parmi ces romans qui jouent la carte de la bonne humeur, signé de la psychologue Marie de Hennezel. Après une vaste enquête auprès de sexologues et de thérapeutes, la lecture d’études à travers le monde et le recueil de témoignages d’hommes et de femmes de 60 à 90 ans, elle démontre, dans « Sex and Sixty. Un avenir pour l’intimité amoureuse » (5), que la vie sexuelle après 60 ans est souvent plus riche et plus importante que celle menée à d’autres périodes de la vie. Un manifeste pour rester désirants et désirables et pour cela savoir pétiller de vie.
Le registre de Kim Young-ha – auteur notamment de « la Mort à demi-mots », considéré, à 47 ans, comme l’un des chefs de file de la nouvelle littérature sud-coréenne – est d’une tonalité plutôt sombre, un étrange humour noir qui interpelle. Le narrateur de « Ma mémoire assassine » (6) est un septuagénaire poète et philosophe qui, apprenant qu’il est atteint de la maladie d’Alzheimer et avant de perdre totalement la mémoire, tient un journal. Il a tué des gens à un rythme régulier pendant trente ans, depuis l’assassinat de son père à l’âge de 15 ans. Tandis qu’il égrène des miettes de son horrible passé, des meurtres ont lieu dans le quartier. Il est inquiet pour sa fille, d’autant plus qu’un homme rôde autour de la maison. Il doit le tuer avant d’oublier qui il est. La mémoire est au cœur de ce formidable roman qui se dérobe et brouille les pistes en un suspense déroutant. Jusqu’à un dénouement imprévisible, justement à force de mémoire partielle des faits et de faux souvenirs.
Il n’y a d’autre lien entre le précédent récit de meurtres en série et « Ma vie de pingouin » (7), comédie romantique de Katarina Mazetti (l’auteure du « Mec de la tombe d’à côté »), que l’originalité du propos. La piquante Suédoise nous embarque dans une croisière en Antarctique en compagnie de touristes intéressés par la faune et la flore locale. Trois passagers livrent leurs impressions de voyages : un grand reporter divorcé qui a choisi les icebergs pour mettre fin à sa vie ; un professeur de mathématiques au physique ingrat mais à l’optimisme inébranlable ; et une septuagénaire baroudeuse à la curiosité toujours en éveil et qui répertorie avec malice les similitudes de comportement entre les animaux et les humains. Les lecteurs pressés peuvent se contenter de suivre – avec bonheur – l’évolution du choc déprime/euphorie mitigé par la causticité, ou bien, on les y invite, ouvrir les portes d’autres cabines !
(2) Calmann-Lévy, 348 p., 20,50 euros.
(3)Fleuve , 372 p., 19,50 euros.
(4) Hugo & Cie, 295 p., 16,95 euros.
(5) Robert Laffont/Versilio, 204 p., 18,50 euros.
(6) Philippe Picquier, 153 p., 17 euros.
(7) Gaïa , 270 p., 21 euros.
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