ISSU du mouvement esthétique avant-gardiste butô (danse du corps obscur), né au Japon dans les années 1960 sur les cendres du post-Hiroshima, Ushio Amagatsu a fait évoluer sa chorégraphie vers un néo-butô plus sensuel, proche de la transe, laissant une large place à l’esthétique du décor dans lequel évoluent ses danseurs aux crânes rasés et aux corps poudrés de talc. « Umusuna, Mémoires d’avant l’Histoire », création dont l’Opéra de Lyon a eu la primeur mondiale et que l’on pourra voir à Paris en mai 2013, ne fait pas exception, dansé, par le maître lui-même et huit danseurs, dans un décor très minimaliste dominé par deux immenses plateaux de balance et un fil de sable qui s’écoule des cintres tout au long de l’heure et demie que dure ce fascinant spectacle. L’art d’Amagatsu atteint à un apaisement total : exit le sang et les visages torturés de spectacles plus anciens tels « Itsuri » et « Toki » mais une très profonde harmonie dans la lenteur. Une très grande force intérieure s’en dégage, réalisant « le dialogue avec la gravité » énoncé par le maître. Une sérénité souveraine.
Sous les coups.
Écrit en une seule phrase sur 60 pages, « Ce que j’appelle oubli », texte coup-de-poing de Laurent Mauvignier, évoque un fait-divers de 2009. Un jeune homme, après avoir bu une canette de bière qu’il n’allait pas payer, meurt sous les coups sauvages de quatre vigiles dans le hangar d’une grande surface lyonnaise. Angelin Preljocaj s’est emparé de ce texte pour en faire sa nouvelle création. Sur scène un comédien, Laurent Cazenave, récite ce roman dans lequel le narrateur décrit les événements au frère de la victime. À l’arrière-plan, les six danseurs racontent avec leurs corps l’histoire en un troisième degré de lecture qui ne colle pas forcément au texte mais avec la force et la sensualité qui en émane.
La première heure du spectacle, qui va de l’évocation de la vie érotique du jeune homme jusqu’à son agonie rapide sous les coups des vigiles est d’une beauté troublante et d’une force admirable. Preljocaj aurait-il dû et pu s’arrêter là ? Dans la dernière demi-heure, le comédien sort de sa réserve de lecteur et participe à l’action et même, fort bien, à la danse. Mais le propos se disperse inutilement et perd de sa force alors que la musique électronique, mêlée d’une phrase de sonate de Schubert, tient magnifiquement l’attention en éveil. Cette pièce qui ne peut laisser personne indifférent sera dès la fin de septembre au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines avant de voyager et de revenir au Théâtre de la Ville en février 2013.
Biennale de la Danse, jusqu’au 30 septembre, tél. 04.27.46.65.65 et www.biennaledeladanse.com. Le 30 septembre, de 15 h 35 à 17 h 40, Arte consacrera un programme à la clôture de la Biennale.
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