Danse
Il est rare de pouvoir assister hors des pays de l’ex-Union soviétique à une représentation complète du « Corsaire », tant ce ballet romantique, créé en 1856 à l’Opéra de Paris, a été délaissé par les compagnies occidentales, réduit à son Pas de deux, immortalisé par Rudolf Noureev et Margot Fonteyn. C’est dire si, en 2013, la volonté de Kader Belarbi, récemment nommé à la tête du Ballet du Capitole de Toulouse, de redonner vie à cette légende a été bien accueillie.
Le danseur étoile a voulu clarifier une action passablement embrouillée. Il a demandé au chef d’orchestre britannique David Coleman une nouvelle partition, qui donne tout son sens et une structure à l’argument. Voici donc « le Corsaire » dépoussiéré, débarrassé de son académisme (Byron est plus dans l’air que sur scène) et rendu à son atmosphère dans un Orient très joliment stylisé par Sylvie Olivé, qui joue de voiles et de structures légères et amovibles, avec les costumes plus vaporeux qu’opulents d’Olivier Bériot et les éclairages très poétiques de Marion Hewlett. Les grands mythes littéraires de l’Orient, de Simbad aux Mille et une Nuits, de la Bayadère, que Belarbi a beaucoup dansée à l’Opéra de Paris, à Schéhérazade, passent dans sa chorégraphie simple, claire, voluptueuse et épurée, toute en lignes sinueuses. Les deux danseurs principaux du Ballet du Capitole, Maria Gutierrez et Davit Galstyan, se tirent avec honneur des difficultés de la chorégraphie originale, dont le Pas de deux. Ils ont en outre une grâce, une légèreté et une jeunesse qui siéent bien aux rôles. L’Orchestre national du Capitole dans la fosse est un véritable luxe. Une version qui fera bientôt référence et demeurera certainement un pilier du répertoire de cette excellente compagnie.
Insecte et homme-orchestre
« Un matin, en se réveillant après une nuit peuplée de rêves inquiétants, Gregor Samsa se retrouva dans son lit, métamorphosé en un énorme insecte. » Ainsi commence la nouvelle de Franz Kafka, qui, publiée en 1915, n’a pas fini de passionner les lecteurs du monde entier. Créée en 2011 à Londres, l’adaptation du chorégraphe et metteur en scène Arthur Pita s’est mesurée au défi de la représentation de l’insecte, dont Kafka ne voulait pas entendre parler, fût-ce pour illustrer l’édition de son livre. Plusieurs fois primée, la pièce a été reprise à Londres en 2013 (faisant alors l’objet de cet enregistrement) ainsi qu’à New York.
Ce qui frappe d’emblée (et on en a la confirmation avec les interviews données en bonus), c’est le formidable travail d’équipe qui a permis de tenir l’impossible gageure. L’élaboration du décor, visible différemment par les spectateurs placés de part et d’autre de la scène centrale, le choix des costumes, la chorégraphie et les options musicales se sont faits au fur et à mesure de la création de ce spectacle tout autant danse que théâtre. La danse, que l’on peut trouver au début de la pièce assez inspirée des systèmes de répétition à la Pina Bausch, mais qui évoque bien l’absurdité du système kafkaïen, cède peu à peu la place à un théâtre de l’absurde façon Ionesco. La performance d’Edward Watson, danseur principal du Royal Ballet, est remarquable, car il réussit à toucher avec un minimum d’expression gestuelle et cela malgré les quelques outrances de la mise en scène. Grande réussite musicale, aussi, avec un compositeur et homme-orchestre, Frank Moon, totalement habité par l’atmosphère Mitteleuropa, claustrophobiante et dérangeante de l’histoire.
DVD et Blu-Ray Opus Arte.
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