« Jeu, set et match… » Alors que débutent les qualifications pour la 118e édition du tournoi de Roland-Garros, le docteur Bernard Montalvan prend possession des locaux mis à la disposition de son équipe médicale par la Fédération française de tennis (FFT) sous le court central récemment refait à neuf. « Il y a encore deux semaines, il y avait des grues partout » explique-t-il.
Entouré de son staff, ce fan de sport collabore avec la FFT depuis plus de 30 ans. En passionné, le rhumatologue intervient auprès des joueurs depuis les phases de qualification jusqu’à la finale. « Je suis très sportif, j’aime la compétition raconte-t-il. Plus jeune, j’étais très porté sur les sports d’équipe. J’ai joué pendant une dizaine d’années au rugby et j’ai aussi beaucoup pratiqué le tennis en amateur. »
Spécial Roland-Garros 2019
Retrouvez les chroniques médicales du Dr Jacques Parier, médecin du sport et membre du staff du tournoi parisien, pendant toute la durée de la compétition, du 26 mai au 9 juin 2019.
A l'hôpital, en ville et à la fédé
Pour lui, l’entrée au sein de la FFT s’est faite d’une traite, dans le cadre de la spécialisation en médecine du sport : « Je cherchais un stage pour valider le diplôme en médecine du sport, Je suis allé à une réunion de la fédé à laquelle assistait le médecin qui a accepté ma candidature et je suis resté » se souvient-il. Depuis, il partage son temps entre son activité libérale, l’hôpital et la FFT, pour laquelle, outre les soins apportés aux joueurs durant la compétition, il mène plusieurs missions centrées surtout sur l’accompagnement. Il s’agit surtout d’assurer l’encadrement des jeunes et des joueurs de haut niveau, d’organiser de la prévention au dopage et d’élaborer des programmes d’entraînement pour les jeunes joueurs en leur assurant un suivi médical adapté.
Au sein de la FFT, l’une de ses premières missions a été d’adapter en permanence l’environnement médical au rythme des changements du tennis de haut niveau. « Quand je suis arrivé, je me suis aperçu qu’il y avait des structures mais elles n’étaient pas forcément adaptées. » Il a en effet fallu se conformer aux exigences toujours plus importantes du tennis de haut niveau. « On a ensuite grandi petit à petit avec la demande des joueurs et l’organisation. » Sont progressivement apparus un service de kinésithérapie ainsi que plusieurs structures pour assurer le suivi médical des joueurs lors des entraînements, ou les contrôles cardiovasculaires et musculaires notamment En plus de cela, les joueurs font tous les ans des tests d’effort, des bilans ostéopathique et biologique. Toutes ces structures permettent de « suivre les joueurs dans leur croissance et leur évolution pour préserver leur santé » en relation avec la Commission Fédérale Médicale de la FFT.
Jet lag et surmenage, la dure vie des pros
À Roland-Garros, on le voit parfois sur les courts, mais rarement sous les projecteurs. L’essentiel est de « veiller à ce que tout se passe bien médicalement dans l’organisation du tournoi ». Pas si simple. Il faut s’adapter au rythme de vie des joueurs qui « voyagent tout le temps, changent de continent et de fuseau horaire et qui, surtout, jouent beaucoup plus que les autres sportifs », précise le médecin. L’enchaînement des matchs, de plusieurs heures, sur trois semaines demande de maintenir une forte intensité physique tous les jours. « Cela fait du tennis un sport particulièrement difficile et notre souci est donc de les faire récupérer le mieux possible par les soins ou encore l’alimentation. »
Pour répondre au mieux à ces exigences, le Dr Montalvan s’appuie sur « un staff professionnel et passionné d’environ 60 personnes. Nous avons une équipe composée de médecins cliniciens consultants, d’infirmières, de kinésithérapeutes-ostéopathes ainsi qu’un service d’imagerie et des podologues » détaille le médecin. Les équipes tournent et restent en alerte de 8 heures à 22 heures, « parfois plus », durant les 21 jours de compétition. D'autres « ressources indispensables » complètent ce dispositif : la possibilité de réaliser sur place des échographies par des médecins spécialisés également en imagerie médicale (scanner/IRM) ainsi que les services d’urgence, de cardiologie, de chirurgie orthopédique de l’hôpital Ambroise Paré. « Ils apportent une vraie sécurité et leurs compétences et je n’imagine pas travailler sans eux, explique le Dr Montalvan, qui trouve que «la confrontation entre l’imagerie et la clinique est technique et passionnante dans cette discipline ».
Ce staff complet permet d’avoir la réactivité nécessaire pour assurer au mieux la mission médicale auprès des joueurs. La principale contrainte restant celle du temps. « On est obligé de donner un diagnostic et un avis en très peu de temps, explique le Dr Montalvan. C’est la différence par rapport à une consultation hospitalière. » Il faut pouvoir en effet répondre aux questions du joueur qui veut tout de suite connaître la gravité de sa symptomatologie, s’il peut jouer, quels risques il prend… « Ce n’est pas facile, admet le Dr Montalvan, mais je suis toujours excité, car dans le cadre de ce tournoi, on peut voir, dès le lendemain, si on a fait une erreur ou pas, si ce qu’on a fait a fonctionné, on ne peut pas tricher. C’est stressant, mais c’est le job, » tempère-t-il.
Le professionnalisme toujours plus poussé des tennismen professionnels oblige aussi à coopérer avec l’entourage du joueur. « Aujourd’hui, les joueurs sont de vrais pros, ils abordent la compétition en pros et sont plus protégés qu’avant. Ils sont amenés à voir un médecin différent d’une semaine sur l’autre, explique le Dr Montalvan. Ils n’ont donc pas forcément confiance, ce qui est normal. Notre rôle est de leur apporter le plus d’informations possibles sur leur pathologie, ce qu’on en pense et, très souvent maintenant, on renvoie notre diagnostic à un médecin à l’étranger afin qu’ils en discutent entre eux. »
Une patientèle particulière
Du fait de cette évolution, les liens particuliers avec les joueurs sont rares. « Parfois les anciens à qui nous avons rendu service reviennent nous voir ». Certains joueurs reconnaissants remercient les médecins à leur manière, à l’image de « Michael Chang (joueur américain évoluant sur le circuit en 1987 et 2003 et vainqueur du tournoi en 1989, ndlr) qui nous a, un jour, laissé sa raquette. Mais ces gestes deviennent de plus en plus rares » regrette le médecin. Avant, les joueurs, même les meilleurs étaient plus spontanés. » L’évolution du tennis vers plus de professionnalisme a un peu modifié les rapports entre les joueurs et le staff médical.Ces changements ne semblent pas entamer la motivation du Dr Montalvan qui prend toujours plaisir à voir évoluer les joueurs sur les courts. « On a des joueurs et des joueuses qu’on préfère voir jouer par rapport à d’autres. On est Français, donc si un Français joue bien, on est forcément content » s’amuse-t-il. L’essentiel reste de « réussir ce Roland Garros 2019, dans ce nouveau stade et aussi continuer à progresser. C’est le bon côté de la médecine, on apprend toujours de nouvelles choses ».
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