« Le Songe d’une nuit d’été » à la Comédie-Française

En toute complicité !

Publié le 20/02/2014
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Crédit photo : CH. RAYNAUD DE LAGE

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Crédit photo : CH. RAYNAUD DE LAGE

Théâtre

Il y a mille et une façons de représenter la pièce merveilleuse qu’est « le Songe d’une nuit d’été », et les spectateurs du Français n’oublient pas la version « Tango » réglée par Jorge Lavelli avec ARichard Galliano et ses musiciens. Salle Richelieu, ces jours-ci, pour peu que vous arriviez un peu tard, vous croiserez dans les couloirs la cour d’Athènes. Les « personnages » s’installent à l’orchestre, s’adressent à nous. Le grand Michel Vuillermoz, Thésée plein de panache, annonce son mariage avec la reine des Amazones, Hippolyta (Julie Sicard), et les fêtes qui suivront. On aperçoit aussi Elliot Jenicot, Égée (plus tard une fée !) et quelques autres. Cette complicité installe immédiatement une allégresse et une humeur vive dans la représentation.

La traduction choisie est celle de François-Victor Hugo. Elle sonne parfaitement bien. La scénographie de Didier Monfajon est simple, qui dégage l’espace. Sylvie Lombart réduit les costumes à des sous-vêtements de soie pour la jeune classe (les délicieuses Adeline d’Hermy, Suliane Brahim et leurs fiancés à éclipses, Sébastien Pouderoux, Laurent Lafitte), de la fourrure pour les habitants de la forêt titillés par la sexualité et pour une fois pas traités comme des créatures éthérées ( Martine Chevallier, épatante Titania survoltée, Christian Hecq, faunesque Obéron, Louis Arène, Puck), tandis que les artisans qui donnent le légendaire et irrésistible spectacle sur Pyrame et Thisbé sont habillés de grège mais ont de l’imagination pour se déguiser (les excellents Stéphane Varupenne, Jérémy Lopez, Benjamin Laverhne, Pierre Hancisse).

S’appuyant sur cette très belle distribution, Muriel Mayette-Holtz trouve le juste rythme, aidée par la belle composition de Cyril Giroux, et ne sacrifie aucune couleur. Les atermoiements des jeunes amoureux sont traités avec finesse et, lorsque l’une des jeunes filles se retrouve seule au pied du grand mur de toile du fond et d’un geste le fait trembler, on a une image magnifique de solitude et de théâtre. Tout est ainsi. Les personnalités des interprètes sont très bien mises en valeur. On a le sentiment d’un bonheur dans le jeu qui donne des ailes au public !

Comédie-Française (tél. 0825.10.16.80, www.comedie-francaise.fr), en alternance jusqu’au 15 juin Un cahier de la Comédie-Française consacré à Shakespeare paraît pour l’occasion.

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9303