Qui n’a pas séjourné en juillet à Avignon ne peut en rien imaginer l’atmosphère de cette ville durant le festival, ou plutôt « les » festivals. Il est bien difficile, cette année, d’avoir la moindre idée de ce que donnera le « in ». Pascal Rambert a très tardivement écrit « Architecture », qui ouvre la 73e édition le 4 juillet, dans la cour d’Honneur. En fait, c’était un spectacle prévu pour le théâtre hyperperformant, moderne, fermé, qu’est La Fabrica. Mais une défection l’a propulsé dans le lieu le plus symbolique du festival.
Le plateau est « lourd », comme dirait Luchini : Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Marie-Sophie Ferdane, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Pascal Rénéric, Laurent Poitrenaux, Jacques Weber. Marina Hands a dû renoncer il y a deux mois et c’est Anne Brochet qui l’a remplacée.
Rambert a été un jeune homme flamboyant et prometteur. Il montait Marivaux ou Büchner. Il était fragile et subversif. Depuis, il a suivi un chemin brillant, officiel, inégal. Il écrit beaucoup, et long. Il ne se donne jamais le temps de faire court. On verra. Mais c’est la cour qui donne sa couleur à tout Avignon : le in, le off aussi. Donc on rêve que cela soit passionnant et beau.
Migrants et combats
Olivier Py, directeur du festival, a souhaité que la manifestation se tourne, par « l’Odyssée », du côté de la Méditerranée et des migrants. Un très grand nombre de productions s’appuient sur ce thème. On ne résumera pas trois semaines de programmation en quelques mots. Mais il y a un artiste qui ne sera pas présent physiquement et que l’on attend avec gravité, c’est le Russe Kirill Serebrennikov, le grand artiste assigné dans son pays, qui travaille à distance – par Skype, vidéos, etc. – propose, avec « Outside »,une transfiguration par les images du Chinois Ren Hang, qui fut, lui aussi, souvent victime du pouvoir politique et se suicida en 2017. Cette création sans concession donne la couleur d’une manifestation qui fait la part belle aux rencontres, aux discussions, aux expositions. Macha Makeïeff signe celle de la Maison Jean Vilar, en lien avec le spectacle musical consacré à « Alice au pays des merveilles » et son auteur, « Alice versus Carroll », qu’elle présente, dans la deuxième partie du festival.
Reprises et surprises
C’est du côté du off que se tournent les spectateurs. Amateurs passionnés qui prennent leurs vacances dans cette forêt très inextricable, les marcheurs du off – le public voit souvent quatre à cinq spectacles par jour et chemine… –, ils connaissent, ils ont du goût. Ils découvrent. Revoient. Dans le off, il y a des reprises : belles figures féminines, Eva Peron (« Evita »), « Madame Bovary », Arletty (« Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ? », Sagan (« Françoise par Sagan ») et Caroline Loeb. Il y a des créations, comme « le Duel », une adaptation bouleversante par Jean-Claude Grumberg d’une nouvelle d’Anton Tchekhov, mise en scène par Lisa Wurmser. Et des écrivains d’aujourd’hui, tel Stéphane Guérin, avec « Comment ça va ? », qui réunit Florence Pernel, Raphaëline Goupilleau, Patrick Catafilo, Pascal Gautier, dans une mise en scène de Raphaëlle Cambray, une comédie qui prend en compte un problème grave, celui de la radicalisation d’un adolescent. Ou encore l’adaptation pour la scène du scénario du film de Ken Loach, « Moi Daniel Blake ». Quelques titres sûrs dans une profusion de plus de 1 500 spectacles.
– Avignon « in », du 4 au 23 juillet. Tél. 04.90.14.14.60, www.festival-avignon.com
– Avignon « off », du 5 au 30 juillet. Tél. 04.90.85.13.08, www.avignonleoff.com
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