Théâtre
Au commencement de « Des journées entières dans les arbres » (1), une nouvelle qu’écrivit l’auteur de « Barrage contre le Pacifique ». Dans la figure de cette femme forte et de son fils adoré, on retrouve la figure de la mère et du frère de Marguerite Duras. C’est pour Jean-Louis Barrault qu’elle en fit une adaptation théâtrale, que créèrent Madeleine Renaud et Jean Desailly. Depuis, la pièce a peu été jouée.
C’est une production très cinématographique que propose Thierry Klifa, avec, autour de Fanny Ardant, qui connaît bien Duras, notamment pour avoir joué « la Musica », Nicolas Duvauchelle, Agathe Bonitzer, Jean-Baptiste Lafarge. Il a demandé à Alex Beaupain une composition et un choix de chansons, dont la dernière est interprétée par Fanny Ardant elle-même.
La pièce a un peu vieilli. Les années 1950 sont loin et il y a quelque chose d’étrange dans la manière dont cette mère s’adresse à son fils et dans celle dont sont dessinés les personnages, celui de Marcelle, notamment. Entraîneuse et maîtresse du fils, elle est un peu en retrait. Mais Agathe Bonitzer lui donne une présence intéressante. Dans le rôle de Dédé, patron de bar, Jean-Baptiste Lafarge est bien.
L’essentiel se noue autour de cette mère qui revient des colonies, où elle dirige une entreprise, comme un homme, et de ce fils qui, enfant, passait des journées entières dans les arbres. Belle et impérieuse, Fanny Ardant est toute grâce et charme, face à un Nicolas Duvauchelle juste et sensible. Des personnages complexes et inconsolables, violents, passionnés, dans une mise en scène sincère mais un peu sage d’une pièce qui aurait gagné à être reserrée.
Folie burlesque
« Hollywood », de Ron Hutchinson, est une comédie efficace qui fait beaucoup rire. En ce début d’année, elle demeure une des productions les plus sûres d’un théâtre de divertissement fondé sur un argument amusant et le talent des comédiens. Créé la saison dernière, le spectacle est repris à la Michodière (2). L’intrigue nous conduit à Hollywood en 1939. Le tournage d’« Autant en emporte le vent » vient d’être suspendu par le producteur David O.Selznick (Pierre Cassignard). Il a viré le réalisateur et demande à Victor Fleming (Emmanuel Patron) de reprendre le travail. Auparavant, il veut un nouveau scénario et fait appel au meilleur des spécialistes, Ben Hecht (Thierry Frémont). Ce dernier n’a pas lu le best-seller de Margaret Mitchell. Aussi les trois hommes s’enferment-ils dans le bureau de Selznick et se plongent ensemble dans le livre épais, jouant les scènes et en cherchant la plus juste transcription. Ils n’ont que quelques jours pour refondre toute l’histoire. Miss Poppenghul (Françoise Pinkwasser), la secrétaire, leur fournit des bananes et de l’eau pour qu’ils phosphorent au maximum.
C’est tout ! Ron Hutchinson, natif d’Irlande, est un des meilleurs auteurs de l’Hollywood d’aujourd’hui. Traduite par Martine Dolleans, sa comédie mêle habilement les gags et les éléments qui renvoient à l’histoire des États-Unis, de la guerre de Sécession à la guerre qui vient alors d’éclater en Europe et aux démons du racisme et des discriminations. Mais ce qui compte est d’abord le rire. Daniel Colas donne un mouvement très vif à la représentation et les comédiens s’amusent. Tous sont très bien. Pierre Cassignard dessine un producteur sincèrement inquiet, Emmanuel Patron un réalisateur qui tente de se projeter dans un film improbable, Françoise Pinkwasser échappe à la caricature. On ne vexera personne en soulignant que l’extraordinaire composition de Thierry Frémont demeure irrésistible. On rit beaucoup et c’est ce qui compte !
(1) Théâtre de la Gaîté-Montparnasse (tél. 01.43.22.16.18, www.gaite.fr)., du mardi au samedi à 21 heures, dimanche à 15 h 30. Durée : 1h 45.
(2) Théâtre de la Michodière (tél. 01.47.42.95.22, www.michodiere.com), à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le samedi à 17 heures et le dimanche à 15 heures. Durée : 1 h 40. Le programme comporte une documentation intéressante sur le livre et le film.
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