Au musée de la Chasse et de la Nature (1), Sophie Calle et son invitée Serena Carone, sous le titre « Beau doublé, Monsieur le Marquis ! ». Un parcours autobiographique et fictionnel qui commence par la dernière création de l'artiste, « Ma mère, mon chat, mon père, dans cet ordre », les trois morts de ses plus proches, les derniers moments et des questions comme « Que fait-on de leur numéro de téléphone sur nos portables ? ». Ou sur l’absence d’inspiration qui s’ensuit, qui trouve une solution avec « Péchez des idées chez votre poissonnier ».
Ce regard sur sa vie est l’occasion de réactiver les souvenirs, Comment son père l’a envoyée chez un psychiatre ; les taureaux des corridas et les chouettes de son enfance ; les rencontres, ses amours déçues, le mariage.
Sophie Calle instaure toujours un dialogue avec le temps et le spectateur. Les petites annonces, du XIXe siècle à Meetic, reflètent ce que l’on recherchait chez les femmes. À Toulouse, elle en avait affiché dans le métro afin que l’on puisse les remplacer pour créer une nouvelle plate-forme de rencontre. « La Suite vénitienne », pistage amoureux, qu’elle lisait dans un confessionnal, est ici en texte et photos, car une grande partie de son œuvre passe par le texte où elle se raconte et pose sur elle-même un regard distancié.
Entre l’intime et le public, l’art et la vie, Sophie Calle, née en 1953, est une formidable analyste de la société, de la condition féminine et de son temps. Serena Carone, son invitée, fait écho avec son bestiaire à tous les amis de Sophie, à qui elle donnait des noms d’animaux. D’où l’exposition dans ce musée, où voisinent les animaux empaillés et les chefs-d’œuvre du peintre animalier Alexandre-François Desportes.
Une chambre à soi
En 1929, Virginia Woolf, dans « Une chambre à soi », recommandait aux femmes d’avoir un espace à elles que l’on puisse « fermer à clé sans être dérangé ». Il aura fallu attendre 1972 à Los Angeles pour que les femmes artistes traitent de ce thème dans une célèbre installation de 17 pièces. Les 40 artistes femmes réunies à la Monnaie de Paris (2) pour l'exposition « Women House » dénoncent certes la condition féminine des Desperate Housewives de l’enfermement et de l’aliénation à l’homme. Mais la maison est aussi pour elles un lieu de construction de l'identité. Nostalgique, avec le souvenir des maisons de poupées. Politique, avec les tentes des sans-abri. Et public, lorsque Louise Bourgeois et Niki de Saint Phalle transforment le corps en architecture avec les araignées protectrices de la première et les Nanas de la seconde qui accueillent le visiteur.
Après six ans de travaux, l'hôtel de la Monnaie de Paris inaugure ainsi son nouveau musée, le 11 Conti. Il dévoile aussi avec un parcours très didactique les savoir-faire et les patrimoines de l'institution créée en 864, de l’extraction du minerai à la frappe des pièces, et son rôle dans l’histoire économique mondiale.
Action !
« Constance Guisset Design, Actio ! » : dans la partie du musée des Arts Décoratifs (3) consacrée au Moyen Âge, l'artiste aux talents multiples fait dialoguer ses œuvres avec des portraits sur la mode ou des lits et avec des questions d'actualité (comment le moderne peut être intégré dans l’art ancien…). Elle a aussi un talent de scénariste, dans la présentation de ses nombreuses créations (la lampe Vertigo, son premier grand succès), comme dans les décors des ballets de Preljocaj. « Actio ! » est sa devise, à laquelle elle ajoute la rigueur, la poésie et la joie de vivre.
(1) Jusqu'au 11 février. Tél. 01.53.01.92.40, www.chassenature.org
(2) Jusqu'au 28 janvier. Tél. 01.40.46.57.57, www.monnaiedeparis.fr
(3) Jusqu'au 11 mars. Tél. 01.44.55.57.50, www.lesartsdecoratifs.fr
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