C’EST TRÈS BEAU. Un superbe décor, grandiose et élégant. Des marches qui conduisent jusqu’à un mur immense de livres, un mur qui glissera imperceptiblement pour découvrir une forêt, allure des Landes ou de la Russie de Tchekhov, une forêt littéraire. À la fin, tout disparaîtra pour un trompe l’œil saisissant qui mènerait à l’au-delà… Ce dispositif, signé Pierre-André Weitz, comme les costumes et les maquillages, est impressionnant mais aussi très funèbre. L’impression qui domine, accentuée par les tons et les lumières de Bertrand Killy, est celle d’un mausolée. Ces marches sont plus celles du Panthéon que de la Bibliothèque de France.
Olivier Py a énormément travaillé. Il a tout lu et utilise les paroles mêmes du président de la République ou ses ouvrages. Rien n’est faux. Il saisit Mitterrand au bout de son chemin et nous renvoie en arrière, dès l’approche de la victoire avec Séguéla et « la force tranquille », avec, surtout, la révélation de la maladie. En 1981, ses médecins lui donnent de trois mois à trois ans. Il mourra le 8 janvier 1996. Cette période est celle de l’emballement culturel, mais ce qui passionne Olivier Py est la politique extérieure de la France. 1989, chute du mur de Berlin ; 1992, début de la guerre en Bosnie ; 1994-1995, Rwanda, opération Turquoise, fin de la Bosnie. On évoque tous ces faits, on réentend les protagonistes et les sept excellents comédiens réunis jouent une trentaine de « personnages », Pierre Bérégovoy, Robert Badinter, Jack Lang, Anne Lauvergeon ou Marguerite Duras, les médecins nombreux (Kalfon, Tarot, Gubler), Pierre Bergé, Alija Izetbegovic, Hubert Védrine, etc… Citons les comédiens épatants : John Arnold, Bruno Blairet, Scali Delpeyrat, Alphonse Dervieux, Elizabeth Mazev, Jean-Marie Winling. Plus le Quatuor Leonis.
C’est bien rappelé et réinventé en partie par le style d’Olivier Py, mais c’est plat. Cela manque d’humour et de causticité. Et la manière dont est incarné François Mitterrand, par un interprète de haut talent, Philippe Girard, est très solennelle et ténébreuse. On a le sentiment d’un chemin de croix. On voit le président trébucher, refuser la morphine, tenir, faire face. On ne voit pas l’homme séduisant, gourmand, pas facile, parfois hautain. C’est du beau travail, mais cela a un côté album d’Épinal. Sans doute les jeunes qui n’ont pas vécu ces années là seront-ils intéressés. Mais pour les aînés, « Adagio » n’est que déférence et c’est dommage.
Odéon-Théâtre de l’Europe ( tél. 01.44.85.40.40), à 20 heures du mardi au samedi, en matinée le dimanche à 15 heures. Durée : 2 h 20. Jusqu’au 10 avril.
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