Fidèle à la lettre et original

Théâtre

Il y a dans ce spectacle autant de scrupuleuse fidélité à la lettre de Molière que de liberté originale. Très simple et très sophistiqué est le décor. Un grand rideau reproduisant un tableau de Jérôme Bosch ferme le plateau, ne laissant qu’un étroit couloir, avec une chaise, aux protagonistes. Lorsque ce rideau s’écarte pour les scènes de groupe, on aperçoit un soleil baroque qui surplombe la scène, fermée par de grands panneaux, hautes portes vitrées basculées sur les côtés et au milieu une banquette.

L’essentiel de la pièce se joue face au public, comme une tragédie classique. Dans de superbes costumes, les comédiens, très bien distribués et dirigés par Michel Fau, sont tous excellents. Ils sont précis, soucieux de la langue, mais en même temps chacun apporte sa propre personnalité, son tempérament au personnage. La Célimène de Julie Depardieu est une jeune veuve qui s’étourdit de coquetteries, car elle n’aime pas plus le monde, en fait, que son amoureux Alceste, porté par un Michel Fau impressionnant dans la souffrance. La douceur de son ami Philinte, l’excellent Jean-Pierre Lorit, n’y peut rien. Jean-Paul Muel va loin avec ce ridicule et méchant rimailleur d’Oronte. Les marquis sont bien dessinés par Roland Menou et Frédéric Le Sacripan et Fabrice Cals joue les valets et le garde avec alacrité. L’Éliante de Laure-Lucile Simon est d’une grâce et d’une aristocratie profondes, tandis qu’Édith Scob incarne Arsinoé avec une intelligence et une invention magnifiques.

Bref, une production de haute qualité, dans l’élégance esthétique et la subtilité de la mise en scène et de l’interprétation. Un très grand spectacle.

Théâtre de l’Œuvre (tél. 01.44.53.88.88, www.theatredeloeuvre.fr), à 20 h 30 du mardi au samedi, à 17 heures le samedi, 16 heures le dimanche. Durée : 2 heures. Jusqu’en mars au moins. À noter le très bon programme, avec le texte de la pièce, des photos et des textes intéressants.