Avec « Gauguin l'alchimiste » (1), c'est un nouveau regard sur son processus de création que propose l'exposition du Grand Palais : l’identification de motifs, qui deviendront récurrents, l'expérimentation sur différents supports (peintures, céramiques, sculptures, gravures, dessins), l'inspiration par d’autres cultures (relief du Parthénon, frise de Borobudur, estampe japonaise), dans la quête d’une nature primitive à la recherche de son moi sauvage.
Successivement navigateur, agent de change, Paul Gauguin s'initie à l'impressionnisme avec Pissarro et Degas. Il puise en Bretagne des motifs (« la Ronde des petites Bretonnes », « Bretonne assise », « Bretonne de dos »), auxquels il ajoute de l’exotisme (« la Belle Angèle »). Il quitte l’impressionnisme pour le synthétisme, avec Émile Bernard, dans une simplification des formes qui rompt avec la nature. Parallèlement il s’initie à la « sculpture céramique » en grès, avec des formes inquiétantes. Dans le « Portrait de l’artiste au Christ jaune » (1890-1891), il se met en scène à côté d’une statuette anthropomorphe d’inspiration péruvienne et bouddhique.
En Martinique, puis à Arles avec Van Gogh, l’art « devient une abstraction ». Progressivement, les mêmes motifs, selon leur taille et leur répétition, prennent un tour symbolique. La « Femme dans les vagues » (1889) serait « la première icône de l’animalité joyeuse et primitive ».
En 1891, commencent les séjours à Tahiti. Gauguin y recherche les coutumes et mythes disparus et parfois en invente – comme Oviri, femme hallucinée qui renonce à une vie civilisée et qui sera moulée en bronze sur sa tombe. Il y est frappé par un certain silence et un mystère qu'il met en page dans son album de texte et images « Noa Noa ».
Dans « Ahaoe Feii ? (Eh quoi ! Tu es jalouse ?) », deux femmes assises semblent isolées devant une scène de danse autour d’idoles, qui à l’époque étaient déjà détruites, dans une atmosphère colorée irréelle.
Dans ses derniers paysages, il accède à une dimension spirituelle et panthéiste, que l’on retrouve aux Marquises, à la fin de sa vie, dans sa case appelée la Maison du jouir.
Les grands de l'époque
D’autres très beaux Gauguin sont à voir au musée Jacquemart-André, où s’expose la collection du couple Hansen (2), des Danois, comme la femme du maître, Mette Sophie Gad. « Le Jardin secret des Hansen » réunit 40 tableaux impressionnistes et postimpressionnistes. Tous les grands artistes sont représentés, de Corot à Cézanne et Matisse, en passant par Monet, Pissarro, Sisley Renoir, Morisot, Degas, Manet, Courbet. Au-delà de cette liste impressionnante, c’est le choix des œuvres qui fait la richesse particulière de cette exposition.
(1) Jusqu'au 22 janvier. Tél. 01.44.13.17.17, www.grandpalais.fr
(2) Jusqu'au 22 janvier. Tél. 01.45.62.11.59, www.musee-jacquemart-andre.com
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