« DEIDAMIA » est une succession de récitatifs et d’airs de bravoure à da cappo et de quelques ensembles, qui n’atteint pas à la complexité et à richesse dramatiques de « Giulio Cesare » ou d’« Alcina ». Depuis deux décennies, les metteurs en scène se sont résignés à faire oublier ce moule plutôt antidramatique avec une attitude « comique » consistant à donner à l’action une visualisation de bande dessinée ou de dessin animé, où l’on joue des anachronismes et des références cinématographiques. Les grands précédents ne manquent pas, avec pour ancêtres le « Giulio Cesare » de Peter Sellars aux États-Unis, celui de Nicholas Hittner à Paris, ainsi que l’« Agripinna » de David McVicar, également à Paris. La mode s’est répandue et la version de David Alden, lequel a de nombreux précédents haendeliens à Munich, n’y échappe pas, assez réussie au demeurant mais bien les deux pieds dans le moule.
Cela commence par l’idée de situer l’action, qui se déroule pendant les guerres entre Grecs et Troyens, sur la mer (davantage dans un univers californien à la David Hockney que méditerranéen, grâce aux décors admirables de Paul Steinberg) et de substituer au cheval de Troie un drôle de sous-marin. La mise en scène est assez habile, la direction d’acteurs au petit point et des chorégraphies élaborées, auxquelles les chanteurs se prêtent plutôt bien, viennent donner à l’ensemble un petit air de variétés.
Mais ce qui compte vraiment, s’agissant surtout d’une telle résurrection, c’est la réussite musicale et pour cela, l’Opéra néerlandais s’est vraiment donné les moyens nécessaires, avec une équipe qui a déjà en partie assuré le succès d’« Ercole Amante », de Cavalli, en 2009 (DVD Opus Arte). Ivor Bolton revenait donc avec le Concerto Köln, qui ne cherchait pas à jouer exagérément du vibrato baroque et a donné une interprétation magistrale et magnifique de style de cette musique, dans laquelle Haendel a pris soin de caractériser les différents personnages par des traits musicaux bien distincts.
Superbe distribution, aussi, à la tête de laquelle trônait le Deidamia du soprano britannique Sally Matthews, lauréate du prix Kathleen Ferrier en 1999. L’Argentine Veronica Cangemi, plus attendue dans ce répertoire, a joué de sa grande versatilité vocale et dramatique dans le rôle ambigu de Nera. Très belle performance aussi du mezzo espagnol Silvia Tro-Santafé, peut-être un peu trop jeune pour le rôle de primo uomo d’Ulysse. L’Ukrainienne Olga Pasichnyk interprétait Achille avec brio mais semblait peu à l’aise dans le double changement de sexe qu’impose le rôle. Une belle et longue représentation.
› OLIVIER BRUNEL
De Nederlandse Opera Amsterdam, www.dno.nl. À l’affiche de la prochaine saison : Britten avec « Death in Venise » en juillet, Philip Glass avec « Einstein on the Beach » réalisé par Robert Wilson et Lucinda Childs en janvier, « Der Schatzgräber » de Schreker en septembre. Nouvelles productions aussi de « Guillaume Tell », de Rossini, mis en scène par Pierre Audy (janvier), et des « Maîtres Chanteurs de Nuremberg », de Wagner, en juin, dans le cadre du Holland Festival.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série