Classique
L’année 2014 commence décidément sur un mode tragique pour le monde du théâtre lyrique. Après les disparitions des suites d’un cancer de Claudio Abbado, puis de Patrice Chéreau, c’est le Belge Gérard Mortier qui vient de s’éteindre à Bruxelles, à 70 ans, après avoir mené un combat contre un cancer du pancréas.
Homme du sérail ayant fait ses classes dans l’équipe de Rolf Liebermann à Paris, Gérard Mortier avait fait une carrière exemplaire de directeur d’opéra en Europe qui l’avait mené à Bruxelles, puis, succédant à Karajan, au Festival de Salzburg et au festival Triennale de la Ruhr, avant de repasser de 2004 à 2009 pour un mandat à Paris. Il faillit ensuite diriger le New York City Opera mais refusa de transiger avec ses exigences budgétaires et termina sa carrière à l’Opéra Royal de Madrid, où, tout récemment encore, l’on donnait la version lyrique du roman « Brokeback Mountain », qu’il avait commandée au compositeur américain Charles Wuorinen, et encore le « Cosi fan Tutte » de Mozart qu’il avait confié au cinéaste Michael Haneke.
En 2005, pour la première saison de son mandat parisien, Gérard Mortier frappait fort en faisant se succéder dans la fosse Valery Gergiev pour « Otello», Vladimir Jurowski pour « Guerre et Paix » et le Finlandais Esa-Pekka Salonen, compositeur et directeur musical du Los Angeles Philharmonic, pour un « Tristan et Isolde » qui avait élevé l’Orchestre de l’Opéra de Paris à des sommets de beauté sonore et de vérité dramatique dont on avait presque oublié qu’il était capable. Et quelle distribution pour défendre un opéra réputé inchantable, malgré une des configurations les plus restreintes du répertoire !
Peter Sellars, metteur en scène américain plutôt connu pour des positions excentriques souvent très pertinentes sur la mise en scène lyrique, avait réalisé un chef-d’œuvre de théâtre minimaliste, d’une modernité indémodable, car uniquement guidée par la recherche de la signification du plus humain des drames wagnériens. Sur un plateau noir seulement occupé par un podium noir et avec des chanteurs habillés de noir, s’est-il approché au plus près de ce « théâtre invisible» que Wagner se désolait à la fin de sa vie de n’avoir pu inventer ? Les éclairages virtuoses donnaient à voir ici le geste juste, là le regard qui exprime tout de la part d’interprètes en quête de vérité dramatique. Le second artisan de ce « Tristan Project », le vidéaste américain Bill Viola, à qui le Grand Palais consacre actuellement une grande exposition, avait fait projeter un film pendant toute la représentation sur un immense écran tendu au-dessus de la scène.
C’est ce spectacle que reprendra du 8 avril au 4 mai l’Opéra de Paris, sous la direction de Philippe Jordan, avec Franz Josef Selig, Robert Dean Smith, Violeta Urmana, Jochen Schmeckenbecher et Janina Baechle, dédié à la mémoire de celui qui restera comme un de ses plus entreprenants et audacieux patrons, Gérard Mortier.
Opéra de Paris-Bastille (tél. 0892.89.90.90 et www.operadeparis.fr). Places de 5 à 180 euros.
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