LE COMPOSITEUR Edward Elgar (1857-1934), icône de la musique anglaise du début du XXe siècle, de style postromantique et très peu moderniste, est peu connu en France. Principalement pour ses variations pour orchestre dites « Enigma », et pour un Concerto pour violoncelle qu’ont rendu populaire Pablo Casals puis Jacqueline du Pré, les deux œuvres étant le programme d’un célèbre microsillon EMI dirigé par Daniel Barenboïm, époux de cette regrettée violoncelliste de génie. Ces œuvres figurent évidemment dans le monumental coffret de 19 CD que publie Warner Classics*, « Sir Adrian Boult - Elgar : The Complete EMI Recordings ». Trois fois, même, pour les Variations « Enigma » (par le BBC Symphony Orchestra, le London Philharmonic Orchestra et le London Symphony Orchestra). Quant au Concerto, la version de Casals en 1945, enregistrée dans les mythiques studios d’Abbey Road, est à notre humble avis le meilleur de ce coffret. Mais pour les Anglais, Elgar, c’est aussi et surtout le compositeur de musiques patriotiques, comme les inénarrables marches militaires « Pomp and Circumstances », le tube obligé de la dernière nuit des Proms chaque année à l’Albert Hall de Londres. « Marche Impériale », « Marche triomphale », « Ode du Couronnement » (on était sous le règne de George VI) et le fameux « Land of Hope and Glory » sont des spécialités anglaises dont on peut ou non raffoler de ce côté de la Manche. Et que dire du « Rêve de Gerontius », ici suprêmement défendu par Nicolai Gedda et Helen Watts en 1975, sinon que ce n’est pas un hasard s’il n’est jamais programmé ici (et rarement là-bas) ? Dénominateur commun de ces enregistrements, l’immense Adrian Boult, qui a régné sur quelques décennies d’interprétation musicale en Angleterre. Boult était totalement dévoué à la musique d’Elgar, qu’il a enregistrée en totalité. Il est certain que son interprétation est directement influencée par le compositeur, dont il était proche. Alors, monument ou tombeau ? Si les jeunes générations de chefs britanniques regardent aujourd’hui Elgar d’un autre œil, c’est le signe que sa musique vit toujours.
Dame Janet.
Janet Baker, mezzo-soprano britannique née en 1933 a fait une carrière très singulière, qu’elle a interrompue en pleines gloire et possession de ses moyens. Distinguée par le concours Kathleen Ferrier, dont elle est considérée comme la digne héritière, cette grande tragédienne a travaillé principalement au Royaume-Uni et un peu dans le Commonwealth. Elle voulait privilégier sa vie familiale et s’est rarement produite sur des scènes étrangères. On garde un souvenir impérissable de sa Didon (Purcell) au festival d’Aix-en-Provence en 1978, mais, en dehors des principaux théâtres lyriques et festivals de Grande-Bretagne, c’est surtout par les enregistrements qu’elle s’est rendue célèbre. Son éditeur quasi-exclusif EMI lui a consacré dans la collection « Icon » un petit coffret de 5 CD, dont on peut dire qu’il contient l’essentiel et le meilleur de sa discographie (Warner Classics). Les grands cycles français de Berlioz (« Nuits d’été »), de Ravel (« Shéhérazade ») et de Chausson (« Poème ») y voisinent avec ceux de Mahler, de Brahms, de Wagner et d’Elgar. Quelques grands arias de Haendel et une série de Lieder allemands complètent ce panorama quasi complet de son art de concertiste.
Plus récemment, l’éditeur anglais a édité un monument à la gloire de la cantatrice à l’occasion de son 75e anniversaire (« Dame Janet Baker - The Great EMI Recordings », Warner Classics), qui, en 20 CD, regroupe la quasi-totalité de son legs discographique, avec les références déjà citées enrichies de nombreux récitals de mélodies anglaises, françaises et italiennes (The Great EMI Recordings, Warner Classics).
Janet Baker a aussi enregistré pour l’éditeur anglais Decca, qui a réuni en un mince coffret de 5 CD un répertoire un peu différent, plus opératique, et complémentaire de celui d’EMI : Purcell, Rameau, Gluck, Britten (« Dame Janet Baker : Philips and Decca Recordings 1961-1979 », Decca Universal). On pourra aussi rechercher parmi les enregistrements live celui qu’a publié la BBC d’un concert remarquable donné au festival d’Aldeburgh (fondé par Benjamin Britten et Peter Pears) en juin 1971. Elle chante de rares compositeurs anglais élisabéthains (Barrincloe, Humfrey) ainsi que Purcell, Monteverdi, Haendel, Fauré et Gounod, accompagnée au piano par le chef Raymond Leppard (1 CD BBC Music). À interprète immense, hommage massif et bien mérité.
* Ex EMI Classics.
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