Si Jean-Luc Choplin continue d’offrir à un tel rythme des musicals à un tel niveau de qualité et de professionnalisme, il va bientôt falloir rebaptiser la place du Châtelet ! On n’y compte plus les triomphes, des œuvres de Steven Sondheim aux grands classiques du genre (« My Fair Lady », « Carrousel », « The King and I » et, au début de la saison, « Un Américain à Paris »). Avec « Singin’ in the Rain », c’est l’adaptation, déjà tentée à Broadway et à Londres, du célébrissime film de la MGM, avec la chorégraphie de Gene Kelly et Stanley Donen.
Jean-Luc Choplin sait trouver les talents et ne pas changer une équipe qui gagne. Il a fait appel pour la chorégraphie à Stephen Mear, spécialiste des claquettes, qui a participé à l’adaptation londonienne, et pour la mise en scène à Robert Carsen, qui a si bien réussi, sur la même scène, « Candide » et « My Fair Lady ». On retrouve avec bonheur le génie créatif du metteur en scène canadien, la légèreté et l’invention qu’il a su mettre dans les spectacles lyriques de ses débuts, comme « le Songe d’une Nuit d’été », de Britten, à Aix-en-Provence, ou le cycle Puccini réalisé à Anvers, spectacles devenus cultes mais trop vite transformés en système le succès venant. Carsen a joué le clin d’œil au cinéma avec un spectacle presque entièrement en noir et blanc, à l’exception du grand ballet « Broadway Melody », traité dans les tons or et sépia, et de la scène finale, où toute l’équipe, en cirés jaunes et parapluies rouges, reprend sous une vraie pluie la chanson éponyme, dans les couleurs de l’affiche du film.
Les décors de Tim Hatley, qui changent à vue avec une ingéniosité constante, évoquent tour à tour les studios de tournage, la façade d’un cinéma et des intérieurs somptueusement réalisés dans toutes les déclinaisons possibles de noir et blanc. Les costumes Années folles d’Anthony Powell sont simples, poétiques et efficaces, pour évoquer cette période de passage du cinéma muet au parlant qui est la clé de l’intrigue. L’humour suinte à chaque scène grâce à la légèreté avec laquelle Carsen dirige son équipe et le spectacle, auquel on aurait préféré une continuité de film sans entracte, passe comme un songe.
L’équipe est magnifique, avec des acteurs-chanteurs britanniques d’un professionnalisme époustouflant : Don Burton, qui a la lourde charge de reprendre le rôle de Don Lockwood immortalisé par Gene Kelly, et l’inénarrable Emma Kate Nelson dans celui de Lina Lamont, que sa voix de crécelle et ses allures de dinde empêchent d’accéder au cinéma parlé. Danseurs, choristes, figurants méritent les mêmes éloges. Une réussite que vient renforcer l’excellent Orchestre de chambre de Paris, dirigé par Gareth Valentine avec un parfait sens du jazz et un timing plus que précis dans les nombreux numéros chantés (tous des tubes) et dansés qui parsèment cette euphorisante comédie.
Le Châtelet affiche complet mais le spectacle sera repris et restera à l’affiche pendant près de deux mois à la fin de l’année. À bon entendeur…
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