« Les Fausses Confidences », de Marivaux

Isabelle Huppert, une tornade blanche

Publié le 23/01/2014
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Crédit photo : P. VICTOR/ARTCOMART

Théâtre

Lorsque les spectateurs pénètrent dans la salle de l’Odéon, ils aperçoivent au fond du plateau la fine silhouette d’une jeune femme tout de blanc vêtue : l’héroïne de Marivaux prend une leçon de tai-chi. Sur le plateau dégagé, on remarque des dizaines de paires d’escarpins qui jonchent le sol : elle est donc coquette, cette veuve, et assez désordonnée. Pourtant, à l’avant-scène, sur une petite table, les dossiers de cette riche propriétaire ont l’air bien rangés.

Araminte a besoin d’un intendant. Monsieur Rémi (Bernard Verley) en a un à caser : son neveu Dorante (Louis Garrel). Il espère que le jeune avocat sans fortune séduira sa patronne. Mais Madame Argante, la mère de la jeune femme (Bulle Ogier dans une étonnante composition), ne l’entend pas ainsi. Un litige les oppose au comte Dorimont (Jean-Pierre Malo) à propos d’un terrain.

On peut être déconcerté par le décor de murs mobiles (Johannes Schütz), mais l’espace permet aux protagonistes des déplacements vifs et au metteur en scène des plans larges ou des cadrages serrés et laisse toute liberté à la langue de se déployer dans ses étincelantes moirures. C’est elle, la vedette de ce spectacle vif.

Les comédiens sont excellents, et ils prennent beaucoup de plaisir à lancer leurs répliques brillantes : ici, l’air de rien, chaque mot est gonflé d’échos, de doubles sens, de références à des événements à venir. On rit beaucoup. Chez Marivaux, les valets ont autant d’esprit que les maîtres et c’est un festival.

Le Dorante de Louis Garrel est timide et gauche à son apparition, ligoté par le sentiment d’être manipulé par son oncle et de tromper Araminte. Mais, bientôt, le désir et l’amour réciproques, contrariés, niés puis enfin acceptés par les intéressés, lui redonnent vigueur. Quant à Isabelle Huppert, elle incarne avec détermination une femme pleine de vitalité, loin de toute mélancolie, son appétit de vivre, balaie tout. Une tornade blanche !

Odéon-Théâtre de l’Europe (tél. 01.44.85.40.40, www.theatre-odeon.com), à 20 heures du mardi au samedi, à 15 heures le dimanche. Durée : 2 heures . Jusqu’au 23 mars.

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9295