Deux expositions à Paris

Italie, Roumanie, itinéraires

Publié le 28/02/2019
Art- Luigi Ghirri

Art- Luigi Ghirri
Crédit photo : SUCCESSION LUIGI GHIRRI

« Luigi Ghirri - Cartes et territoires » : le Jeu de Paume (1) propose la première rétrospective consacrée au photographe hors d'Italie. Dans les années 1970, Ghirri arpente sa province, l'Émilie Romagne, autour de Modène. Il est l'un des premiers en Europe à utiliser la couleur et, contrairement à ses contemporains, il le fait avec une grande douceur. Des photos de face, des objets du quotidien, des lieux ordinaires entre modernisme et tradition.

Géomètre de formation, Luigi Ghirri s’attache aux transformations de sa région, à commencer par l’invasion des images dans l’espace public, les publicités, promesses de bonheur et d’évasion. Sur les maisons des nouvelles banlieues, il porte un regard bienveillant. Les fêtes foraines sont pour lui les quartiers du dimanche et, lorsqu’il est en ville, il cadre les motifs décoratifs des façades anonymes.

Ce qui ne l’empêche pas d’être conceptuel, lorsqu’il photographie le ciel tous les jours pendant un an ou lorsqu’il agrandit les pages d’un atlas jusqu’à l’abstraction, brouillant les repères. Il questionne aussi ce que l’on ne voit pas sur l'image, lorsqu’il photographie les gens de dos ou en train d’être photographié.

Pour Ghirri, la photographie est « un voyage, un itinéraire que l’on dessine avec beaucoup de déviations et de retours, de hasards et d’improvisations, une ligne zigzagante ». Le parcours de l’exposition reprend la dizaine de thèmes choisis pour sa première présentation à Parme en 1979 à la suite de son livre « Kodachrome », « sa grande aventure dans le monde de la pensée et du regard ».

Des frontières révélées

Au musée de la Chasse et de la Nature (2), « Mircea Cantor - Chasseur d'images ». L'artiste roumain, prix Marcel Duchamp 2011 (le prix de l’art contemporain français), aborde les frontières et la culture vernaculaire.

Dans la vidéo « Aquila non capit muscas », un aigle aux ailes déployées capture l’intrus, un drone. Un fil d’empreintes digitales sur un mur de verre tisse des frontières invisibles mais bien réelles entre les populations.

À voir aussi, empruntés au muséée du Paysan roumain, 100 masques d’animaux ou d’hommes sauvages, portés lors des fêtes de fin d’année, associant les cultures traditionnelle et chrétienne.

L'exposition fait partie des nombreux événements de la Saison France-Roumanie 2019, qui commémore la naissance de la Roumanie moderne et la fin de la première guerre mondiale. Art, concerts, cinéma, théâtre, sciences, gastronomie… jusqu'au 16 avril en France et du 18 avril au 14 juillet en Roumanie, l'accent étant mis sur la jeune création (3).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) Jusqu'au 2 juin, www.jeudepaume.org

(2) Jusqu'au 31 mars, www.chassenature.org

(3) www.SaisonFranceRoumanie.com

 

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin: 9728