Kader Attia, né en 1970, lauréat du prix Marcel Duchamp 2016, veut faire acte de résistance. Au Palais de Tokyo (1), il présente avec Jean-Jacques Lebel « L'Un et L'Autre », « un laboratoire de recherche plutôt qu'une exposition », avec des installations et des objets collectés ici et là. « The Culture of Fear : an Invention of Evil », bibliothèque de coupures de presse, montre comment les médias, depuis l’époque coloniale, ont instauré une peur idéologique de l’autre, le non-Occidental, considéré comme un sauvage. Attia y oppose la richesse des cultures.
Il montre des masques de malades ayant une malformation ou disgracieux du fait d’un AVC, qui permettent de mieux cerner la maladie et d’objectiver leur souffrance. Les poupées d’Alex Burke, emmitouflées dans des couches de tissus superposées, sont autant d’identités. Le Mozambicain Gonçalo Mabunda, utilisant les mêmes armes que celle des Poilus lorsqu’ils les détournaient à des fins artistiques pendant la guerre de 1914, construit un trône pour dénoncer la responsabilité du pouvoir, le siège vide renvoyant aux morts.
Un antidote à la tyrannie
La révolte d’Adel Abdessemed, né en 1971, commence lorsque le directeur de l’école d’art d’Alger où il est étudiant est assassiné par des Islamistes ; il vient alors poursuivre ses études aux Beaux-Arts de Lyon. Après la statue monumentale du coup de tête de Zidane à Marco Materazzi, avec laquelle « il a voulu montrer le côté sombre du héros », sa vision en barbelé du Retable de Grünewald à Issenheim, il présente au MAC de Lyon (2) « Antidote », nom du café où il a rencontré sa femme et mot qui pourrait être une réponse aux régimes autoritaires. Dans « Shams », les travailleurs en argile entourés d'hommes en armes sont une vision contemporaine de la visite aux enfers de Dante.
Avec « Otchi Tchiornie », au MAC's Grand-Hornu (3), près de Mons, en Belgique, Abdessemed interroge, en 40 dessins réalisés à partir de photos collectées sur internet et 27 statuettes de chanteurs russes décédés dans un crash d’avion, notre capacité de défense face aux images de guerre, d’accident et d’attentats.
À voir aussi, grâce aux amis de La Maison-Rouge, 20 artistes syriens en exil dans leurs ateliers parisiens sur syrianartistinparis.fr.
Un nouveau lieu
La création contemporaine, c'est aussi l'ouverture à Paris de Lafayette Anticipations (fondation d’entreprise des Galeries Lafayette), un lieu de production et d'exposition pour l'art, le design et la mode (4), situé dans un bâtiment industriel du XIXe siècle réhabilité par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas (Pritzkzer Prize 2000). Un défi à la pesanteur avec une « tour d’exposition » d’acier et de verre équipée de quatre planchers mobiles. L’Américaine Lutz Bacher s’en empare jusqu’au 30 avril dans sa totalité avec la vidéo « The Silence of the Sea », dont les vagues fouettent sur la plage des blockhaus abandonnés. Un écho au « Silence de la mer », le roman de Vercors, silence qui se voulait actif et qui est ici envoûtant.
(1) Jusqu'au 5 mai. Tél. 01.81.97.35.88, www.palaisdetokyo.com
(2) Jusqu'au 8 juillet. Tél. 04.72.69.17.17, www.mac-lyon.com
(3) Jusqu'au 3 juin. Tél. +32.65.65.21.21, www.mac-s.be
(4) 9, rue du Plâtre, 4e, www.lafayetteanticipation.com
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