ON CONNAÎT depuis quelques années la compagnie Air de Lune, conduite par Jean Bellorini, jeune metteur en scène remarquable, actuellement artiste associé au Théâtre national de Toulouse. C’est là qu’a été créé ce spectacle réjouissant, d’une intelligence, d’une simplicité apparente et d’une virtuosité merveilleuses. La simplicité est le résultat d’un travail fin, subtil, efficace. Avec Camille de la Guillonière, Jean Bellorini a adapté François Rabelais. Grand chantier que de tailler dans l’œuvre foisonnante. Frayant leur chemin avec esprit, « traduisant » la langue puissante et un peu difficile aux oreilles XXIe siècle de ce savant extravagant, écrivain immense, les deux amis nous conduisent du côté du « Quart Livre », jusqu’à l’oracle de la Dive Bouteille, en passant par les fameuses « paroles gelées » qui sont reprises en titre du spectacle. En fait, c’est un peu cela que fait la compagnie : elle dégèle Rabelais, elle nous le rend proche.
Jean Bellorini, qui met en scène, et Camille de la Guillonnière, qui joue un personnage qui nous éclaire sur les mots trop difficiles du français de la Renaissance ou sur les mots inventés par Rabelais lui-même, ne craignent pas d’accrocher leur public avec une ouverture gentiment coquine. Rabelais a toujours appelé un chat un chat. N’ayez crainte, d’ailleurs, la plupart des épisodes, vous les avez étudiés à l’école. Mais ici, ils sont vivants.
Quelques échelles, quelques ventilateurs, des cirés jaunes, un grand bassin d’eau qui est la mer immense et dont les reflets composent le décor en ombres mouvantes. C’est l’espace de jeu. Une chanteuse, une danseuse (avec un moment d’une beauté à couper le souffle) et les comédiens que l’on connaît. Certains, en effet, jouaient le précédent spectacle de l’équipe, « Tempête sous un crâne », d’après « les Misérables », de Victor Hugo. Ces comédiens, et les musiciens qui les accompagnent, savent tout faire. Jouer, chanter, danser, courir. Ce sont des athlètes, déliés, vifs, enfantins et rayonnants. Ils jouent le jeu de la troupe, du chœur. On aimerait les nommer tous. Une quinzaine de personnalités toniques, avec, pour certains, de plus longues partitions, Panurge, fin et délié en tête.
Franchement, ne ratez pas ce spectacle qui met de bonne humeur et que l’on peut voir en famille, que l’on soit très au fait de l’œuvre immense de Rabelais ou que l’on soit un collégien rétif !
Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis (tél. 01.48.13.70.00, www.theatre-gerardphilipe.com ), à 20 heures du lundi au vendredi, sauf mardi (relâche), samedi à 18 heures, dimanche en matinée à 17 heures. Jusqu’au 25 mars. Durée : 2 h 15. Signalons que « Tempête sous un crâne », spectacle remarquable, sera repris dans quelques semaines, au 104 à Paris, notamment.
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