Classique
Kaufmann a tout pour lui : une voix de ténor rayonnante et, chose rare, un peu barytonnante, avec un legato et un phrasé à faire pâlir d’envie tous ses collègues, sans compter la diction parfaite dans toutes les langues qu’il chante, un physique cinématographique de jeune premier et une présence scénique incandescente. C’est beaucoup pour un seul homme mais cela explique pourquoi tous les coups sont permis pour obtenir des places dès qu’il chante Wagner ou Verdi, ses deux prédilections, ou le Lied allemand, son jardin secret, dans lequel il est à l’affiche trois fois en France cette saison. Il était en avril au Théâtre des Champs-Élysées pour un « Voyage d’hiver », de Schubert, accompagné par Helmut Deutsch, d’une superbe autorité vocale et bouleversant d’intensité ; ceux qui n’ont pas eu la chance de l’y applaudir peuvent se consoler avec le CD qu’édite Sony. Les autres pourront se rattraper à Toulouse le 7 mai ou à Versailles le 8, quand il sera l’interprète des douloureux « Chants d’un compagnon errant », de Gustav Mahler.
Faust et Parsifal
Mais c’est au DVD que la kaufmannia atteint ses sommets avec la parution des spectacles et concerts les plus prisés auxquels il a participé récemment. « Faust », de Gounod, avait été diffusé en France dans les cinémas lors de sa première au Metropolitan Opera en 2011. La production de Des McAnuff est d’une banalité affligeante, la direction d’acteurs sans grand intérêt mais la distribution de tout premier ordre fait le prix de ce DVD (2 DVD Decca/Universal HD Live). La direction musicale de Yannick Nézet-Séguin est enivrante. René Pape est un Méphistophélès de très grande classe vocale et physique, Marina Poplavskaya est une Marguerite très touchante et d’une résistance vocale exceptionnelle pour ce rôle éprouvant. Jonas Kaufmann habite le personnage de Faust d’une façon à la fois moderne et singulière, avec des effets vocaux inattendus et cette sincérité scénique, cette capacité d’entrer dans la peau d’un personnage qui n’appartient qu’à lui.
C’est cependant dans le rôle-titre de « Parsifal », sur la même scène new-yorkaise, qu’il a fait le plus sensation. Ce spectacle dirigé par Daniele Gatti, lui aussi diffusé dans les cinémas du monde entier en 2013, est une mise en scène de François Girard très « spatiale » mais fidèle et réussie. Entouré de René Pape, dont Gurnemanz n’est pas le meilleur rôle, mais surtout de l’excellent Peter Mattei en Amfortas, Jonas Kaufmann trouve dans le rôle du chaste fol son meilleur (avec Lohengrin) rôle wagnérien (2 DVD Sony HD Live).
Récemment aussi a été édité un « Requiem » de Verdi de 2012 à la Scala de Milan, dirigé par Daniel Barenboïm (1 DVD Decca/Universal). La présence de Jonas Kaufmann aux côtés de René Pape et d’Anja Harteros, deux de ses partenaires privilégiés pour l’opéra, est certes ce que l’on peut souhaiter de mieux aujourd’hui, mais sans rivaliser avec les grands indispensables du passé (Pavarotti avec Karajan, Grace Bumbry avec Guilini, Margaret Price avec Abbado, Montserrat Caballé aussi avec Abbado).
Et sont encore à paraître chez Sony son « Don Carlos » de Verdi et son « Ariane à Naxos » de Richard Strauss, tous deux enregistrés aux derniers festivals de Salzburg, ainsi qu’un CD récital d’airs d’opérettes viennoises et berlinoises (Lehár, Kalman, Korngold…). Sa prise de rôle de Des Grieux dans « Manon Lescaut » de Puccini, cet été au Royal Opera Covent Garden de Londres, sera retransmise en direct dans les cinémas du circuit CGR le 24 juin. Du pain sur la planche pour les inconditionnels du beau Jonas !
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