Denis Podalydès est un artiste qui n’est heureux que dans la surchauffe, voire la dispersion. Mais ne pensez pas que s’il avait eu plus de temps pour régler la mise en scène du « Bourgeois gentilhomme » dans sa forme merveilleuse de comédie-ballet, vous auriez vu un autre spectacle. Dans son apparence brouillonne, dans son hésitation entre farce franche et recherche plus cérébrale, dans son excès d’effets, dans sa partie chorégraphique sympathique mais totalement décalée et beaucoup trop longue, dans le tremblé de la direction d’acteurs, dans les images parfois floues, il n’y a que la volonté de Denis Podalydès.
Le décor d’Éric Ruf nous installe dans une arrière-boutique de drapier. Une réserve. On voit de grands rouleaux de tissus dans une maison de bois. Conçu pour l’extérieur (Fourvière, puis le Domaine d’O), il bloque un peu l’espace des Bouffes-du-Nord et restreint l’ère de jeu à la seule piste, mais, évidemment, cela rapproche les comédiens des spectateurs.
On devine que Podalydès ne veut surtout pas que l’on puisse penser que Monsieur Jourdain n’a qu’un moteur dans son désir d’apprendre, l’amour qu’il a pour Dorimène. Pourtant, par le truchement de la belle, il accède à un monde qu’il ne savait pas si vaste, celui des arts, de la culture et c’est très beau.
Mais ne pinaillons pas. On sent également que Podalydès, à l’exclusion remarquable du maître de musique en qui il projette le féroce Lully (Julien Campani), aime les personnages et leur prête une belle générosité. Même Dorante – joué par le même Julien Campagni –, qui plume pourtant Jourdain.
La part de la musique est superbe. L’Ensemble baroque de Limoges, sous la direction de Christophe Coin, les chanteurs, dans les beaux costumes de Christian Lacroix, sont très bons et très bien intégrés. Par-dessus Lully, on entend de belles pages de Lalande, Couperin, Teleman. On l’a dit, on a une petite réserve sur la partie dansée et, pour phénoménale soit-elle, Kaori Ito est un peu trop démonstrative. Et la Turquerie, comme le ballet, sont un peu laborieux.
Demeure le jeu. Saluons l’excellent Manuel Le Lièvre dans le maître d’armes et le Petit Mufti, savoureux et précis. Saluons la merveilleuse Isabelle Candelier, formidable Madame Jourdain, intelligente, humaine, touchante. Saluons Pascal Rénéric, jeune Jourdain au cœur pur. Un grand interprète qui gagnera peu à peu sa liberté au fil des représentations, ultrasensible et farcesque. Superbe !
Théâtre des Bouffes du Nord (tél. 01.46.07.34.50, www.bouffesdunord.com), à 21 heures du lundi au samedi, en matinée le samedi à 15 heures. Jusqu’au 21 juillet. Durée : 3 h 15, entracte compris. Attention, le métro La Chapelle est fermé.
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