La liste des liseuses s’allonge

APRÈS AVOIR piétiné de longues années, le marché des livres électroniques semble bien parti, notamment aux États-Unis (environ 20 % des ventes totales de livres) et au Royaume-Uni (6 %). En France, en revanche, alors que le décret sur le prix unique du livre numérique (qui évite la concurrence entre les libraires) vient d’entrer en vigueur, les livres électroniques représentent à peine 1 % des ventes totales.

L’arrivée du Kindle 4 dans l’Hexagone le mois dernier, au prix défiant toute concurrence de 99 euros, et avec une offre de 42 000 titres en français, gratuits ou payants, ainsi que de dizaines de titres de presse, journaux ou magazines, a fait frémir le marché du livre numérique français. Pour enfoncer le clou, Amazon a décidé que, jusqu’à Noël, sa liseuse ne sera proposée à la vente en boutique, parallèlement à Internet, que dans la trentaine de Virgin Megastore de France. D’autres enseignes devraient bénéficier par la suite de cette exclusivité.

Une course de vitesse.

Virgin est d’ailleurs partie très prenante dans cette bataille des liseuses, puisque la société va diffuser dès le 22 novembre le nouveau modèle du Français Bookeen, le Cybook Odyssey, qui permet d’accéder à plus de 150 000 ouvrages, dont 80 000 en français via le kiosque numérique VirginMega. Commercialisé chez Virgin avec 30 euros de téléchargements de livres offerts aux 1 000 premiers acquéreurs (précommandes sur www.bookeen.com), l’Odyssey est proposé au prix de 149,99 euros. Plus cher que le Kindle mais avec les dernières avancées technologiques.

D’un design (le dos est en aluminium brossé) et de dimensions quasi identiques (166 x 12 x 9 mm, pour un poids de 195 g) et dotée d’un écran de taille identique (6 pouces), la liseuse de Bookeen se distingue par son écran tactile (capacitif multipoints) et par sa vélocité, puisqu’elle est présentée comme le modèle le plus rapide pour changer de page.

Sa capacité de stockage est de 2 GB, soit l’équivalent de 2 000 e-books, extensible par micro SDHC jusqu’à 32 Go. Grâce à sa connexion Wi-Fi et à son connecteur Micro-USB, on peut surfer sur Internet. Très autonome, l’Odyssey peut afficher 25 000 pages avant de devoir être rechargé. Cerise sur le gâteau, le dictionnaire « Le Nouveau Littré » et une centaine de livres électroniques (plus d’une vingtaine en français) sont préchargés dans sa mémoire.

Six jours après Virgin, c’est la Fnac qui lancera sa solution de lecture numérique, en partenariat avec l’entreprise canadienne Kobo, avec un catalogue de 200 000 titres en langue française (sur 2 millions de titres), dont des milliers gratuits, Kobo by Fnac. Curieusement, l’annonce était à peine officialisée, qu’on apprenait que Kobo allait céder 100 % de son capital à l’e-commerçant japonais Rakuten (contre 315 millions de dollars).

La liseuse sera commercialisée dans les 81 magasins Fnac de France au prix de 129,90 euros à partir du 28 novembre, mais elle est déjà disponible en précommande sur www.fnac.com. Dans les magasins, les clients bénéficieront des conseils personnalisés à la fois des libraires et des experts en produits techniques et pourront assister à des démonstrations pour une prise en main immédiate.

Il ne fait aucun doute que la Fnac, après l’échec de son Fnacbook l’an dernier, tient avec le Kobo un atout majeur pour concurrencer le Kindle et son challenger Odyssey. Ultrafin (165 x 114 x 10 mm) et léger (185 g), le Kobo by Fnac est doté d’un écran tactile e-ink pearl 6 pouces, de 2 Go de mémoire interne (jusqu’à 1400 livres numériques) extensible jusqu’à 32 Go (jusqu’à 30 000 livres) avec une carte micro SD, de l’USB, du Wi-Fi, son autonomie est d’1 mois et il est compatible avec la plupart des formats de livres électroniques ePub, PDF, etc. Aucun kiosque à journaux n’est disponible à ce jour mais un accord est prévu pour le début de l’année avec LeKiosque.fr, Zinio ou Relay.com). Il est proposé en quatre coloris, noir ou blanc, avec un dos bleu, lilas ou argenté.

Un nivellement des prix.

En matière de liseuse, il y a bien un « avant » et un « après » Kindle 4. On a vu que les nouveaux arrivés tentaient de se rapprocher le plus possible du prix plancher de la liseuse électronique d’Amazon (son prix de revient serait de 84 dollars alors qu’elle est vendue 79 dollars), mais les concurrents déjà installés n’ont pas hésité à baisser leurs prix. C’est ainsi que Bookeen, qui indique avoir vendu 50 000 liseuses l’an dernier, a ramené le prix de son Cybook Orizon à 139 euros et celui du Cybook Opus à 119 euros, soit une baisse de25 %.

Bien implanté dans l’univers des livres électroniques, le fabricant japonais Sony vient d’élargir sa gamme avec le Reader PRS-T1 (un modèle enfin doté d’une connexion Wi-Fi mais sans puce 3G), commercialisé au prix de 149 euros, environ 100euros de moins que son modèle précédent. Ce lancement s’accompagne d’une refonte de sa librairie numérique permettant à l’utilisateur d’acquérir directement un e-book en quelques clics mais la France devra attendre le printemps 2012 pour y accéder.

Le Nook Touch de Barnes & Noble – « frère » des Kindle (mais avec un écran tactile), Kobo, Odyssey et PRS-T1 – vient de passer à 99 dollars au lieu de 139, avec une mise à jour le dotant d’une meilleure autonomie et d’une vitesse d’affichage supérieure.

Globalement, le prix moyen des liseuses est tombé de 192 euros en 2010 à 121 en 2011. Quant aux livres numériques, ils sont en moyenne de 15 à 20 % moins chers que leurs contreparties papier. Si l’on considère que l’on fait en moyenne 3 euros d’économie sur l’achat d’un livre neuf en choisissant le format numérique, on amortira donc l’achat de sa liseuse en achetant une quarantaine de livres. Un calcul évidemment faussé si on a l’habitude de se fournir en livres de poche.