C’EST MICHELINE ROZAN, devenue depuis codirectrice des Bouffes du Nord auprès de Peter Brook, qui suggéra à Jean-Claude Carrière, après avoir vu le film d’Al Ashby (1971), que l’on pouvait en tirer une pièce de théâtre. Colin Higgins, le jeune scénariste américain qui devait, quelques années plus tard, mourir du sida, avait lui-même, devant le succès extraordinaire du film, composé un roman puis une pièce à partir de cette belle histoire.
Madeleine Renaud fut la créatrice du rôle, auprès de Daniel Rivière, dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault, et le spectacle fut souvent repris par la compagnie. Denise Grey, Danielle Darrieux jouèrent aussi la pièce dans d’autres mises en scène.
« Harold et Maude » est une comédie, souvent très drôle. Harold (Thomas Solivéres), 18 ans, est élevé par sa mère (Claire Nadeau, chic et déjantée, excellente). Il multiplie les tentatives farcesques de suicide pour attirer son attention. Il aime assister aux enterrements. C’est à cette occasion qu’il rencontre Maude (Line Renaud), dans une église. Elle est volubile et fantaisiste. Elle déborde d’énergie. Le jeune homme va finir par être très fasciné par cette vieille dame, avant d’être tout simplement amoureux. Et tandis que sa mère lui présente des jeunes filles, il décide qu’il épousera Maude… Elle est veuve. Son mari, on le comprend plus tard, est mort en déportation. Elle porte un tatouage au bras. On devine qu’elle est passée par les camps.
Dans l’Amérique de la guerre du Vietnam et des hippies, « Harold et Maude » fit grande impression. La bonne humeur volontariste de Maude peut paraître irréaliste et une question demeure occultée, celle de la nuit que la vieille dame et le tout jeune homme passent ensemble.
Dans la mise en scène très inventive de Ladislas Chollat, qui s’appuie sur un somptueux décor à double tournette d’Emmanuelle Roy, la pièce fonctionne à merveille. Les interprètes réunis sont excellents, les effets parfaitement réglés, la jolie chanson de Guy Béart, « les Couleurs du temps », touche toujours et les deux comédiens principaux sont très convaincants. Lui, Thomas Solivéres (il joue dans « Intouchables »), grande tige au visage d’enfant, est très juste et pudique. Line Renaud tient remarquablement ce personnage. Elle donne à Maude sa vitalité, son énergie, elle laisse affleurer tout ce qu’il y a de mélancolique en elle. C’est très joli. Un spectacle où l’on rit beaucoup, où l’on sourit, où l’on est ému et qui passe très vite.
Théâtre Antoine-Simone Berriau, à 21 heures du mardi au samedi et en matinée le dimanche à 16 heures (tél. 01.42.08.77.71, www.theatre-antoine.com). Durée : 2 h 30 entracte compris. Texte publié par « l’Avant-scène théâtre », n° 1 320. (12 euros).
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