DANS LA CITÉ comme dans l’amour, dans la conduite de la politique comme dans celle de son cœur ou de ses pulsions, que faire ? Comment être juste, généreux, sans faiblesse ? C’est ce que se demande le Duc dans « Mesure pour Mesure » de William Shakespeare. Pièce relativement moins représentée que d’autres comédies, moins souvent à l’affiche que ses grandes tragédies. Et pourtant, quelle beauté, quel charme, quelle grande leçon aussi !
Le Duc (Gert Voss, un immense interprète) se retire et confie le pouvoir à Angelo (Lars Eidinger, que l’on vient d’applaudir dans « le Misanthrope »). Sous l’habit d’un moine, il va surveiller ce qui se passe. Un jeune homme, Claudio (Bernardo Arias Porras), a aimé trop tôt sa fiancée. Elle est enceinte. Angelo ravive une loi tombée en désuétude et condamne l’amoureux à mort. Sa sœur, Isabelle (Jenny König, la frémissante Éliante du « Misanthrope »), jeune novice dans sa robe blanche, intervient. En vain. Angelo s’enflamme et lui propose un marché indigne : la vie de son frère sera sauve à condition qu’elle trahisse son engagement religieux. Elle est déchirée par ce choix impossible. D’autres personnages surgissent qui étoffent la comédie.
Thomas Ostermeier s’en saisit avec son intelligence et sa vitalité. La traduction de Marius von Mayenburg (retraduite en français en surtitres très lisibles) est claire, efficace. Dans un décor de vieux thermes aux parois d’or noircies par le temps, les personnages sont accompagnés d’une chanteuse et de deux musiciens. Tout le monde, ici, chante. Chants accordés au temps de Shakespeare, airs donnés en français. Beauté bouleversante de ces moments qui alternent avec l’âpreté de la comédie dramatique. Qu’un jet d’eau soit manipulé avec trop de violence et les images d’une sombre histoire surgissent.
Thomas Ostermeier sait parfaitement ce qu’il fait. Sa mise en scène éclaire le propos de Shakespeare et donne leur poids d’humanité contrastée aux protagonistes. On rit, on pleure, on est ému. On admire ces comédiens engagés de toutes leurs fibres, cette liberté magnifique qui fonde ce que l’on peut nommer la manière allemande.
Odéon-Théâtre de l’Europe (tél. 01.44.85.40.40)., à 20 heures jusqu’à samedi. En allemand avec surtitrage. Duré : 2 heures.
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