WAGNER considérait « la Muette de Portici » comme un modèle dramaturgique. Qu’en reste-t-il aujourd’hui, quand la dramaturgie prime même sur la musique dans les réalisations lyriques ? Un opéra en cinq actes, un peu trop long au regard de son contenu dramatique et pas vraiment riche en grands moments musicaux (un air de bravoure pour son ténor, « Du pauvre seul l’ami fidèle... », le duo patriotique, vrai tube de l’œuvre, « Amour sacré de la patrie », qui déchaîna la révolution qui mènera à la fondation de la Belgique en 1830, et un chœur a cappella en forme de prière). Des proportions habituelles au grand opéra à l’époque de la création à l’Opéra de Paris en 1828 mais dépassant l’échelle et les possibilités techniques de l’Opéra-Comique. D’où une impression de pauvreté de la réalisation scénique et une saturation sonore presque insupportable. N’aurait-il pas été plus raisonnable que l’Opéra de Paris ne se charge de cette résurrection, en version de concert, par exemple, car on n’imagine pas qu’une pièce aussi faible puisse entrer à son répertoire, avec un quatuor de solistes à la hauteur ?
À l’Opéra-Comique, l’Orchestre de la Monnaie de Bruxelles, avec lequel l’œuvre est coproduite et où elle sera donnée lors d’une saison ultérieure, ne déméritait pas, sous la direction animée mais un peu monolithique de Patrick Davin, mais, hormis le ténor américain Michael Spyres (Mansaniello), en grande forme vocale, au français châtié et au style impeccable, le reste de la distribution faisait petite mine.
Reste la réalisation scénique, confiée à l’actrice palermitaine Emma Dante, de sinistre réputation pour sa récente « Carmen » à La Scala de Milan. S’agissant d’une œuvre absente des scènes parisiennes depuis 1917 (seul l’Opéra de Marseille s’y est risqué en 1991), n’eût-il pas été plus judicieux de choisir un parti-pris plus conventionnel que cette mise en scène agitée, énervée, aux costumes ridicules et où bien des choses sont incompréhensibles ou bien prises en dérision ? Il suffit d’observer le public de l’Opéra-Comique pour savoir qu’il s’agit majoritairement de spectateurs abonnés et assez hostiles aux expériences théâtrales extrêmes. Pourquoi les choquer à ce point ? Bien méritées, les bordées de huées lors de l’apparition au rideau final de l’équipe réunie par Emma Dante étaient suffisamment parlantes.
Opéra-Comique, salle Favart (tél. 0 825.01.01.23, www.opera-comique.com), jusqu’au21 avril.
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