LORSQUE, il y a près de trente ans, le département de l’Hérault se posa la question de la vocation que l’on pouvait donner au magnifique parc dont il avait la responsabilité, le Domaine d’O, l’idée d’un festival s’imposa naturellement. Daniel Bedos fit rapidement du Printemps des comédiens une manifestation très intéressante. Mais, au fil du temps, la programmation allait s’orienter vers de très lointains horizons. C’était toujours de qualité. Mais il y avait moins de théâtre.
En octobre 2010, Jean Varela, comédien de formation, fondateur de nombreuses structures qui ont fait rayonner le théâtre dans tout le Languedoc-Roussillon, succédait à Daniel Bedos. Il dirigeait déjà un autre parc départemental, celui de Béziers dont il a fait, en y plantant des chapiteaux, un lieu très vivant et très fréquenté. En cette fin de printemps, la deuxième édition du festival tel que le conçoit Varela bat son plein. Avec un budget de 2,5 millions d’euros, uniquement départemental (l’État s’est retiré et l’on se demande vraiment pourquoi), c’est un mois de programmation excellente qui est proposé à des publics très divers.
Ici, les plus jeunes ont leur place avec des formules brèves, du cirque en plein air en fin d’après-midi, des divertissements qui fonctionnent comme des initiations. Un public populaire, large et ouvert, s’est pressé pour les représentations des « Trois Richard » de Dan Jemmett, variation farcesque d’après « Richard III » de Shakespeare, s’est envolé avec James Thierrée, qui présente son « Raoul ». Ce public s’apprête à applaudir cette semaine « le Bourgeois gentilhomme » dans la version comédie-ballet, mise en scène par Denis Podalydès dont la première a eu lieu il y a huit jours dans le cadre des Nuits de Fourvière, à Lyon. Ce public verra aussi Fellag et ses « Petits chocs des civilisations ».
La Comédie-Française sera également présente, en fin de festival. Nicolas Lormeau met en scène ses camarades dans une version d’« Hernani », de Victor Hugo, qui sera jouée en dispositif bifrontal dans le grand bassin (vide) du parc. Pour les amateurs plus pointus, Jean Varela a invité des artistes flamands remarquables, tel Josse de Pauw, des Ukrainiens conduits par une grande personnalité, Vlad Troitsky, découvert par le festival Nancy Passages.
Jean Varela, natif de Béziers, et qui a choisi de travailler en région, fait également une belle place aux jeunes artistes de Languedoc-Roussillon. Emblématique de ce travail, un spectacle épatant, conçu pour le site et qui a du sens : « Les Numéros, Cabaret ». Sur des textes du très féroce écrivain israélien Hanokh Levin (1943-1999), Richard Mitou, comédien excellent et metteur en scène ferme et sensible, dirige les 14 élèves de la promotion sortante de l’École nationale supérieure d’art dramatique de Montpellier. Avec eux, quatre musiciens et un chanteur lyrique donnent au spectacle un esprit allègre ou grave, selon les moments. C’est très séduisant, vif, drôle. Un idéal moment de théâtre, sur des textes très âpres de l’écrivain qui combattait la violence, la bêtise et n’avait peur de rien.
Printemps des comédiens de Montpellier, jusqu’au 1er juillet : tél. 04.67.63.66.66, www.printempsdescomediens.com. Le spectacle « Les Numéros, cabaret » est donné jusqu’au 26 juin au Domaine d’O puis sera présenté du 20 au 24 juillet à Figeac.
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