Premiers enregistrements

À la recherche de nouveaux talents

Publié le 02/11/2015
Article réservé aux abonnés

Les futurs talents débutent souvent au sein des formations de leaders reconnus. Ainsi Sullivan Fortner. À 28 ans, le jeune pianiste originaire de La Nouvelle-Orléans a déjà une belle carte de visite. Après avoir découvert la musique dans les églises et étudié dans de prestigieuses écoles (dont la Manhattan School of Music), il intègre les quintets des trompettistes Roy Hargrove et Christian Scott et du vibraphoniste Stefon Harris, tout en accompagnant des stars comme Dee Dee Bridgewater. Il est le lauréat 2015 de la bourse Cole Porter de l’American Pianists Association.

Repéré par Jean-Philippe Allard, producteur français qui préside aux destinées du célèbre label Impulse (Universal), Sullivan Fortner vient d’enregistrer « Aria », un album où il se produit avec d’autres jeunes espoirs, comme Tivon Pennicott (saxe ténor & soprano), Aidan Caroll (contrebasse) et Joe Dyson (batterie). Un CD d’une grande fraîcheur dans le style pour ce jeune pianiste d’exception, improvisateur et compositeur talentueux, qui aime alterner des standards éternels (« All The Things You Are », du tandem Kern/Hammerstein, par exemple) et des thèmes originaux harmoniquement et rythmiquement inventifs et débridés. Un bel acte de naissance.

Maître du rythme

Autre acte de naissance, celui du batteur Kendrick Scott, 35 ans. Comme Sullivan Fortner, c’est au sein des églises de Houston, sa ville natale, qu’il va apprendre la batterie, avant d’intégrer le célèbre Berklee College of Music et d’être repéré par des pointures comme Herbie Hancock, Charles Lloyd, le chanteur Kurt Elling et surtout le trompettiste Terence Blanchard. Cet ancien membre des Jazz Messengers d’Art Blakey va lancer la carrière du batteur, qui aura passé une dizaine d’années à ses côtés. « Il est devenu l’Art Blakey, l’Elvin Jones, le Tony Williams de sa génération », dit de lui le trompettiste, en le comparant à de très grands maîtres rythmiciens du jazz moderne. Ce que confirme l’écoute de « We Are The Drums », son premier disque, à la tête de son groupe Oracle, pour le mythique label Blue Note (Universal). Associé à d’autres jeunes talents – Jon Ellis (saxes), Taylor Eigsti (claviers), Mike Moreno (guitare) et Joe Sanders (contrebasse) –, il navigue entre standards et thèmes originaux résolument actuels, mélodiques et dynamiques, dont certains ne sont pas sans rappeler les quintets de Miles Davis des années 1960. Un jazzman à suivre, qui s’inscrit dans l’air du temps et le marque de son tempo.

Mette Henriette (de son vrai nom Mette Henriette Martedatter Roelvaag) est une jeune (à peine la trentaine) saxophoniste, compositrice et surtout improvisatrice norvégienne. Comme beaucoup de musiciens venus du Nord de l’Europe, elle mélange sa propre culture, ses études classiques et le jazz dans sa version européenne, donc souvent libre et débridé. Un univers qui se dévoile à l’écoute de son album éponyme (ECM/Universal), dans lequel, accompagnée d’un grand orchestre à l’instrumentation multiple et inattendue, elle fait preuve d’une grande énergie créatrice, d’un jeu instrumental au son intense et d’un décloisonnement des genres.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9446