Frida Kahlo est l’une des passions de Gérard de Cortanze, qui lui a consacré plusieurs ouvrages. Dans « les Amants de Coyoacan » (1), il revient sur l’intermède mexicain qui, en 1937, a réuni l’artiste au bord du suicide, mariée depuis neuf ans au peintre Diego Rivera, et le père de la IVe Internationale, Léon Trotski, en exil avec sa femme. Dans « Viva », l’année dernière, Patrick Deville nous avait introduits dans ce Mexique prérévolutionnaire où se retrouvaient écrivains, artistes, politiques et seconds couteaux. Sur ce fond d’effervescence, Gérard de Cortanze cible son récit sur la passion qui a uni Frida et Trotski et sur les incroyables et parfois comiques péripéties de cet amour interdit.
Dramaturge reconnue (« le Jardin des apparences » par exemple), Véronique Olmi est aussi une écrivaine inspirée par la difficulté d’aimer. « J’aimais mieux quand c’était toi » (2) s’attache aux pas d’une femme prise dans les pièges d’une passion vécue avec un homme marié et qui entendait le rester. Elle l’a quitté et a retrouvé son compagnon, ses enfants, son quotidien et surtout son métier de comédienne, qui l’accapare tout entière. Lorsqu’un soir, en entrant sur la scène pour interpréter la mater dolorosa de Pirandello, elle reconnaît dans la salle l’homme qu’elle a tant aimé, la panique la prend : va-t-elle ou non le rejoindre, au risque de recommencer à souffrir – ou à revivre enfin ?
Placé sous le signe des contes de fée, et particulièrement ceux d’Andersen, dont chaque chapitre porte un titre, « les Fiancés » (3), de Déborah Lévy-Bertherat, professeure de littérature comparée à l’École normale supérieure, a justement pour thème le malentendu des retrouvailles amoureuses. Une femme est persuadée de revoir, soixante ans après, son premier fiancé, qu’elle croyait mort à la guerre d’Indochine ; le vieil homme accepte de prendre la place du disparu, au risque de se perdre lui-même.
Pour sourire ou frémir
L’humour vient à la rescousse des désespérées : « Quarante tentatives pour trouver l’homme de sa vie » (4) est le premier roman d’une professeure de lettres, Rachel Corenblit, qui met en scène les désopilantes tentatives d’une presque quarantenaire, seule depuis trois longues années, pour trouver le partenaire qui lui convient. Si le thème n’est pas nouveau, la drôlerie et le cynisme font bon ménage dans ce roman qui n’est pas un roman d’amour… mais qui se termine – presque – en conte de fée.
Et puisqu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, c’est le moment d’évoquer « Elle & lui » (5), le dernier opus de Marc Levy (le 16e depuis « Et si c’était vrai » en 2000). Une histoire d’amour et rien d’autre entre une actrice et un écrivain aux antipodes, réunis par un site de rencontres et qui veulent rester simplement amis. On se doute de la suite. Une agréable comédie sans surprise, d’autant que l’on retrouve les personnages de son premier roman, enrichie par des considérations sur le métier d’écrivain et le milieu de l’édition.
Changement de ton radical avec le deuxième livre de la jeune auteure québécoise Audrée Wilhelmy, « les Sangs » (6), ré-interprétation du conte de « Barbe bleue »… pour adultes. Comme dans l’histoire traditionnelle, un ogre, appelé ici Féléor, abuse de sept femmes avant de les tuer. Mais le méchant, par ailleurs lettré et richissime, n’est pas aussi coupable qu’on le croit, car il n’a jamais assassiné sans le consentement écrit de ses victimes. Leurs journaux intimes, commentés a posteriori par leur bourreau, disent toutes les nuances et les déviances du désir, la fascination pour la violence et la mort.
Homme de théâtre, scénariste et auteur réputé de livres pour enfants, William Nicholson a installé « Quand vient le temps d’aimer » (7) dans le huis-clos de la bourgeoisie du Sussex, sur le thème de l’amour et des relations conjugales. C’est ainsi que les habitants du village d’Edenfield semblent sous l’emprise d’un mystérieux philtre d’amour qui touche les jeunes comme les vieux, les membres d’une même famille et les voisins. On assiste, pendant sept jours à la veille de Noël, à des chassés-croisés amoureux, des trahisons, des retrouvailles, des adultères et des amours naissantes. L’auteur décrit les émois et les affres des deux sexes avec la même finesse et la même compassion, avec acuité mais aussi avec subtilité. Un bonheur very british.
Dépendance et autoérotisme
Écrivaine espagnole engagée qui milite pour la cause des femmes, Lucia Etxebarria poursuit, dans « Ton cœur perd la tête » (8), son exploration des relations amoureuses dans un livre à la croisée du roman, de l’essai et de l’autofiction. Après s’être en partie dévoilée dans « Je ne souffrirai plus par amour », elle convoque les psychiatres et les psychologues qui l’ont aidée à sortir d’une relation destructrice pour décrire la mise en place et les pièges des relations toxiques. En s’appuyant sur son expérience et sans se poser en victime, elle donne ici un guide personnel et littéraire non dénué d’humour pour en finir avec la dépendance amoureuse.
De l’amour à la masturbation il n’y a qu’un pas, franchi grâce à l’essai de Thibault de Montaigu, « Voyage autour de mon sexe » (9), qu’il a écrit après avoir séjourné six mois en Arabie saoudite, lorsqu’il avait 26 ans et ne pensait qu’à séduire des filles... Dix années et quatre romans plus tard (« Zanzibar » est le dernier), il s’attaque à ce qui reste peut-être le dernier tabou et fait l’éloge de ce qu’il estime être « la sexualité la plus libre et la plus démocratique ». Il en résulte une petite anthologie de l’onanisme à travers les vies et les œuvres d’écrivains et les films, et une défense et illustration de l’autoérotisme qui vivifie l’imagination et qui sera, peut-être, le sexe du futur.
(2) Albin Michel, 134 p., 15 euros.
(3) Rouergue, 189 p., 18 euros.
(4) Payot & Rivages, 222 p., 18 euros.
(5) Robert Laffont/Versilio, 385 p., 21,50 euros.
(6) Grasset, 181 p., 16,50 euros.
(7) De Fallois, 333 p., 22 euros.
(8) Héloïse d’Ormesson, 363 p., 22 euros.
(9) Grasset, 234 p., 18 euros.
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