On voit, on revoit souvent « Trahisons » (1), pièce de 1978, l’une les plus célèbres de l’écrivain anglais Harold Pinter, prix Nobel de littérature en 2005. Michel Fau, qui signe la mise en scène, s’appuie sur la traduction qu’Éric Kahane avait signée en 1982 pour la création de la pièce en France par Raymond Gérôme,
Caroline Cellier, Sami Frey et André Dussollier ont été suivis par de nombreux interprètes. Voici Claude Perron, la femme, galeriste, Michel Fau, l’époux éditeur, Roschdy Zem, son meilleur ami, agent littéraire. On est dans un monde chic. Pas de décor autre qu’un mur immaculé de squash où les deux hommes échangent des balles, au début. Sur ce mur, viendront, de scène en scène, s’inscrire quelques éléments, sièges, tables, et des tableaux qui évoquent les lieux, de Londres à Venise. Cela donne quelque chose de mental à la représentation, vive, fine, intelligente.
Point de psychologie ici, mais un ballet arraché à toute sentimentalité trop effervescente. La comédie est construite en scènes rapides. Elle remonte le temps, de présent à passé. Les trois interprètes, dans des vêtements des années 1970, accordés, vifs et souples, interprètent leurs partitions comme ils le feraient d’une musique.Ils sont excellents et l’on suit avec plaisir cette variation sur le mari, la femme et l’amant, avec ses poussées d’amitié trouble des deux hommes sur le dos de l’épouse…
Jeunes en danger
Loin de ce monde, celui du jeune écrivain Édouard Louis, qui cosigne, avec le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier et son dramaturge, Florian Borchmeyer, l’adaptation de son livre « Histoire de la violence » (2). C’est le récit d’une rencontre de hasard qui tourne mal et l’oblige à aller à l’hôpital et à porter plainte auprès d’un commissariat, avant de retrouver sa sœur et son beau-frère, dans ce Nord qu’il a quitté pour se réaliser.
L’adaptation complexe et fertile, la mise en scène inventive et audacieuse, l’interprétation magistrale font de ce moment, arraché à tout ce qu’il pourrait y avoir de dérangeant dans la mésaventure cruelle, du haut théâtre. Les surtitrages (il s’agit d’une production de la Schaubühne Berlin, en allemand) sont clairs, et l’on ne quitte pas les quatre comédiens (Laurenz Laufenberg, Renato Schuch, Christoph Gawenda, Alina Stiegler), accompagnés d’un musicien (Thomas Witte).
Le livre et la pièce vont au-delà d’une nuit tragique. Ils disent les préventions, les élans racistes d’une société dans laquelle, qu’ils soient artistes ou paumés sans liens, les jeunes sont en danger. C’est un moment puissant, sobre, éloquent.
(1) Théâtre de la Madeleine, jusqu'au printemps. Durée 1 h 30. Tél. 01.42.65.07.09, theatre-madeleine.com (2) Théâtre de la Ville aux Abbesses, jusqu’à samedi (dernière en France). Durée 2 heures. Tél. 01.42.74.22.77, theatredelaville-paris.com
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