La méditation est à la mode, reconnaît Fabrice Midal, qui, au début de son livre, explique ce processus de « pleine conscience » (adaptation du « mindfulness » anglais), qui consiste à porter une attention présente et intense à l’ici-maintenant. Il suffit, comme le disait Bergson, d’attendre que le sucre fonde.
Version laïcisée de l’éveil bouddhiste, ce mode d’insertion dans le monde nous permet de nous délivrer des fantômes du passé et surtout de l’angoisse utilitariste que véhicule la modernité. Dans un retour vers les raisons qui l’ont conduit à méditer, l’auteur affirme : « J’ai médité non parce que je cherchais à obtenir quelque chose, mais plutôt pour me délivrer de l’utilité qui règne partout. » Et de citer Braque disant : « Je n’ai jamais eu l’idée de devenir peintre, pas plus que de respirer. » Soit, on peut polémiquer à l’infini sur les raisons, ou leur absence, motivant nos actes, d’autant que Fabrice Midal commence par cet aveu : « Bien sûr, je n’allais pas très bien. »
École de vie
Le corps de l’ouvrage est un intéressant examen de l’existence et du statut de la philosophie. C’est un peu devenu une manie, dont Michel Onfray représenterait le paroxysme : tous les philosophes croient se singulariser en décrétant que la philosophie est abstraite, sorbonnarde, confisquée par de tristes érudits, alors que la leur est un art de vivre vif et rieur inséré dans la vie quotidienne.
Ceci conduit l’auteur à affirmer sa préférence pour les « écoles de vie » antiques, en particulier les « Lettres d’Épicure » et « les méditations stoïciennes » sur le bonheur et le « soin de soi ».
Un bonheur dont un livre récent* disait l’agaçante obsession, d’autant qu’il se voit adjoint un minimalisme du type : il suffit pour être heureux de sentir le soleil sur sa joue, d’écouter une chanson de Billie Holiday et de savourer la première gorgée de bière.
Que retenir de cette invitation à méditer ? La philosophie ne doit pas prescrire ceci ou cela, être un livre de conseils, nous dit cet ouvrage… prescrivant lui aussi, de méditer. On serait tentés de dire de cette attitude ce que l’on peut dire de toute « philothérapie » en général : « Si ça vous fait du bien, continuez ! »
* « La Philosophie ne fait pas le bonheur », de Roger-Pol Droit, Flammarion.
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